Je me souviens avoir chanté cet hymne, élève de l’école du Christ Roi, à Primelin… En moi nulle nostalgie, mais un appel à la vigilance.
Le Pape Pie XI institue cette Solennité du Christ Roi en 1925, affirmant la souveraineté du Christ sur les lois humaines. Beaucoup y verront une velléité du pouvoir pontifical de rétablir ses prérogatives. Il s’agit plutôt de la part du pape de mettre en garde contre les dangers auxquels sont confrontés les états, menés par des idéologies qui conduisent les peuples à leur perte. Huit ans après la Révolution d’Octobre en Russie, 1925 est l’année où Adolph Hitler publie « Mein Kampf », et l’année où Mussolini règne selon les lois fascistes en Italie. Déjà en 1922 Pie XI publie sa première encyclique Ubi Arcano Dei, dans laquelle il condamne fermement « le nationalisme immodéré ». En 1926, il condamnera l’Action Française de Charles Maurras, (au grand dam du Père Henri Le Floc’h, Spiritain, baptisé à Plonévez Porzay, directeur du Séminaire Français à Rome, et de ses disciples, dont le futur Mgr Marcel Lefebvre). Ceci nous dit le contexte historique et politique où un pape dénonce les dérives dont le monde est victime, idéologies temporelles qui peuvent séduire les chrétiens eux mêmes, dérives qui quinze années plus tard conduiront à la seconde guerre mondiale.
En 1970, dans la mise en œuvre des orientations du Concile Vatican II, on a voulu mettre davantage en lumière le caractère universel, dans l’espace et dans le temps, de cette seigneurie du
Christ.. Située au dernier dimanche de l’année liturgique, elle voit poindre le temps de l’Avent, dans la perspective de la venue du Christ dans la gloire. Comme le dira le pape François
(24
novembre 2013
) « Le
Christ est au centre, le Christ est le centre. Le Christ centre de la création, le Christ centre du peuple, le Christ centre de l’histoire. »
Mais la Royauté du Christ n’est pas à comprendre autrement que selon la manière dont il l’a annoncée, malgré ou avec les incompréhensions de ses auditeurs. J’ai beaucoup aimé contempler et
commenter le calvaire de Plougastel, où sur la face ouest, nous pouvons faire dialoguer plusieurs récits des évangiles : au premier registre, main droite, la visite des mages, venus adorer
le roi qui vient de naître. En vis-à-vis, main gauche, l’entrée solennelle du Christ dans Jérusalem, « Hosanna au fils de David ». Au dessus, le Christ ligoté, interrogé par Pilate
« Es tu le roi des juifs ? », Pilate ayant derrière lui, comme mauvais conseiller, Satan, dans la posture du tentateur au désert « si tu m’adores, tous les royaumes de la
terre t’appartiennent ».
Au cœur de cet ensemble, tout en haut, au centre, le Christ en croix, et près de lui le larron « Souviens toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume… ».
A votre avis, quel est celui qui à le mieux compris ce qu’il en est de la royauté du Christ ?