Noël est-il déjà arrivé ? Les rayons sont approvisionnés en chocolats et jouets depuis la Toussaint, les illuminations sont en place et le Père Noël, avatar de Saint Nicolas, est déjà annoncé dans nos rues. Sans doute faut-il du rêve en papier doré et sapins enluminés pour oublier les gilets jaunes, les blocages des pompes et autres difficultés du moment…
Nous sommes dans le temps de l’avent. Pour beaucoup, pour tous peut-être, le temps de l’AVENT est compris comme le temps de l’AVANT, ce qu’il y a « avant » Noël, le compte à rebours des festivités de fin d’année. Mais Avent, temps liturgique dans lequel nous entrons, s’écrit avec un E, comme dans avenir, ce qui advient, comme dans aventure, un trésor qu’il nous faut encore découvrir et accueillir.
Trois figures bibliques nous indiquent ce chemin de l’avent. Isaïe, Jean le Précurseur et la Vierge Marie. Tout d’abord Isaïe. Prophète d’une époque troublée, (le pouvoir royal est défaillant, corrompu, idolâtre, qui mène son peuple à sa perte), Isaïe annonce l’avènement d’un roi qui établira la justice de Dieu, ainsi qu'un règne de paix. Nous entendrons ces prophéties reprises par des chanteurs contemporains « de leurs épées ils forgeront des socs de charrues, et de leurs lances des faucilles ». Lorsque Isaïe annonce la naissance d’un enfant, c'est avec les mots d'un récit d’intronisation du jeune roi, avec les attributs de son pouvoir. Emmanuël, « Dieu avec nous » est déjà la figure du Christ Roi, son avènement est encore à-venir.
Jean Le Baptiste est cet homme qui invite à la conversion, reprenant le cri du prophète Isaïe, « préparez les chemins du Seigneur ». On n’ouvre pas une route pour quelqu’un que l’on n'attend plus ! Le lieu où Jean baptise n’est pas anodin : c’est le gué par lequel le peuple de l’Alliance est entré en Terre promise après sa traversée du désert. Le temps de l’avent nous l’annonce, nous en avons bientôt fini de la traversée du désert, les temps nouveaux sont proches. Jean n’annonce pas la naissance d’un enfant à Bethléem, il se fait le messager aux invités des noces de l’Agneau.
Enfin, la Vierge Marie. Mais seulement dans les huit jours qui précèdent la fête de la Nativité. Comme nous le dit la préface 2 de l’avent (4ème dimanche !) « Il est celui que la Vierge attendait avec amour, c’est lui qui nous donne la joie d’entrer dans le mystère de Noël, pour qu’il nous trouve quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse… ». L’attente de la Vierge Marie, dans la joie, est une invitation, non seulement à nous rappeler de la naissance du Christ, mais d’abord et avant tout à raviver l’espérance de sa venue au terme de l’histoire.
Ne nous laissons pas endormir, ni effrayer. Comme le chante Patrick Richard : « Réveillez vous, enfants de lumière, réveillez vous, témoins de la vie, ne laissez pas ceux qui désespèrent, vous endormir, comme s’il faisait nuit. »
Christian Le Borgne, curé