Au cours de mes vacances pyrénéennes, j’ai fait un saut à la cathédrale
Saint Bertrand de Comminges.
Dans les stalles, parmi les multiples sculptures plus ou moins bibliques, (mais on
trouve aussi de tout dans la Bible), il y a ce groupe que j’ai moi même pris en photo. D’un côté, Adam et Eve, séparés par l’arbre ou s’enroule Satan, de l’autre Jésus et le Diable.
J’ai alors pensé alors à ce billet d’entrée en carême… Le premier homme, la première femme, regardant l’Homme Nouveau refusant le piège dans lequel eux même avaient failli.
Nous entendons cette année ce récit de la tentation dans l’Evangile de Luc, et il est intéressant d’aller relire non seulement ce qui est dit du dialogue entre Jésus et le diable, mais aussi la
fin du chapitre précédant. Le baptême de Jésus et sa généalogie nous y sont évoqués :
Luc 3, 21 Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit.
22 L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
23 Quand il commença, Jésus avait environ
trente ans ; il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph, fils d’Éli,
[versets 24 à 37, généalogie de Jésus…]
38 fils d’Énos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu.
4 -01 Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
02 où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
03 Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
04 Jésus répondit : « Il est
écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »…
Le diable, (en grec, cela signifie « le diviseur »), ou Satan, (en hébreu, le « tentateur »), fait résonner aux oreilles de Jésus la voix venue du ciel « Toi, tu es
mon Fils » en cherchant à le détourner de sa mission « si tu es le Fils », puisque tu es le Fils… pour Dieu, rien n’est impossible, vas-y, fonce, profite…
Vous remarquerez que le serpent dans l'arbre à figure féminine, il s'adresse à Eve, tandis que le diable, s'adressant à Jésus, est lui très masculin, revêtu du camail des chanoines... Le mensonge
prend l'apparence, comme un faux miroir, de celui qu'il veut séduire...
A la différence de Adam qui est tombé dans le piège du tentateur en voulant se faire l’égal de Dieu, Jésus prend le
contre-pied ; il assume pleinement et son humanité, fils d'Adam, et son rang de Fils, fils de Dieu, en donnant écho à la Parole du Père : « il est écrit : l’homme ne
vit pas seulement de pain… »
Le temps du carême, plus qu’un temps de privation, est le temps offert avec le Christ au désert, quarante jours, pour le contempler, avec lui éprouver la faim de Dieu, de sa Parole, de sa
volonté. Quarante jours pour repérer et déjouer les tentations du mal qui nous éprouve.
Nous serons interrogés le soir de Pâques, avec les futurs baptisés : voulez vous renoncer aux séductions du mal, voulez vous faire confiance en Dieu et en lui seul ? Voulez vous vivre à
l’image du Fils, guidés par l’Esprit ?
Nous sommes descendants de Adam, tentés comme lui de par notre origine à vouloir nous en sortir « tout seul ». « Je n’ai pas besoin de Dieu, mon malheur vient des
autres… ».
Notre vocation est d’être en Jésus enfant du Père.
Quel modèle allons-nous suivre ? Quarante jours nous sont offerts pour nous disposer à répondre à cette question.