· 

Transfiguration

 

Mosaic de Marko Rupnik SJ, National Shrine of Pope St John Paul II, Washington DC

  

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier.
Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.

Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire.
Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.

 

D’un côté, Pierre, Jacques et Jean ; trois hommes qui ont quitté barques, filets et équipages pour suivre cet homme, Jésus de Nazareth, mais qui visiblement ne comprennent rien à ses intentions. Marc nous rapporte que sans cesse ils se font reprendre par Jésus ; parce qu’ils se disputent à savoir qui est le plus grand, pour prendre les places à ses côtés quand il sera sur le trône, à faire obstacle lorsque des parents présentent leurs enfants, lorsque Bartimée interpelle Jésus, et aussi, à vouloir empêcher Jésus de connaître la souffrance et la mort. Luc reste discret à ce sujet, mais nous laisse entendre que les disciples ne comprennent rien à cette annonce de la Passion. Il nous le dira encore par la voix des deux marcheurs qui font route vers Emmaüs « et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël… »

De l’autre côté, Jésus, s’entretenant avec deux belles figures de la Bible, Moïse et Elie. Tous deux, selon une tradition tardive, ont été glorifiés, portés au terme de leur vie auprès de Dieu. Mais tous deux ont connu également l’épreuve de l’incompréhension, du doute, et du découragement…


Moïse, qui ayant fuit l’Egypte, y reviendra pour sommer Pharaon de libérer son peuple. Il prendra la tête de ce peuple pour traverser la Mer Rouge. A peine ce peuple connaît-il la liberté qu’il vénère un veau d’or. Un peuple râleur et geignard. « On veut à manger ! » ; soit, Dieu fait pleuvoir la manne… « ras le bol de la manne, on veut de la viande ! ». Alors Dieu fait tomber des vols de cailles sur le campement… Mais ils sont toujours insatisfaits…
« J’en ai marre de ce peuple » dira Moïse, qui pourtant ne cesse de prier pour lui, d’intercéder auprès de Dieu en sa faveur. « Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux que tu m’aies imposé le fardeau de tout ce peuple ? Je ne puis porter tout ce peuple : c’est trop lourd pour moi. »
(Nombres 11,10-15).


Elie connaîtra lui aussi les heures de gloire et les heures de souffrance. Il était capable d’arrêter la pluie comme de la faire tomber. Dans un défi lancé aux prêtres païens, au Mont Carmel, il va les ridiculiser, et les exterminer. La colère de la Reine Jézabel n’en est que plus grande, elle veut la peau du prophète qui est obligé de fuir au désert. Il n’en peut plus : « Il marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. »
(1 Roi 19) Alors, au creux du rocher, au creux de sa tourmente, il connaîtra la révélation de Dieu.


Moïse, Elie, deux figures qui préfigurent le Christ dans sa Passion et dans sa gloire. A la tête de disciples rétifs comme pouvaient l’être le peuple de Moïse, en marche vers des dirigeants religieux et politiques hostiles comme l’étaient Jézabel et ses sbires, Jésus est enveloppé de la gloire du Père, comme un réconfort, un gage de la victoire finale.

 

Ce récit nous est donné en ce temps du carême ; il nous est offert dans une actualité douloureuse. Quand la barque de l’Eglise est secouée de toute part, suite aux scandales relatifs aux agressions sexuelles envers des mineurs ou des religieuses, et aux silences coupables… Nous sommes invités à continuer notre marche.


Comme nous l’écrit notre évêque :

Chers prêtres, chers diacres, chers religieux et religieuses, ces scandales font reposer sur vous la suspicion de beaucoup de gens, alors que vous donnez votre vie de façon généreuse en fidélité à l’appel que vous avez reçu du Seigneur. Tenez bon dans le Seigneur.
Et vous chers fidèles du diocèse, ne vous laissez pas détourner de la foi et de la confiance envers l’Église notre Mère. Soutenez les prêtres et ceux qui les aident pour vous accompagner dans la foi.

Que ce temps de Carême soit pour nous tous un moment privilégié de conversion et de communion plus profonde avec le Christ. Efforçons-nous de grandir en sainteté.

Ce dimanche, une Parole nous est adressée :

« Celui-ci est mon Fils,
celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

Christian Le Borgne, curé