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Buisson ardent

 

 Chagall. Moïse et le buisson ardent. Musée de Nice

 

 Les genêts viennent en fleurs et aussi les ajoncs, printemps oblige ! Mais pas de buisson ardent, « y’a pas ça chez nous ! ». Et pourtant, Dieu nous donne rendez-vous ! Où, quand, comment ? C’est lui qui dispose du lieu et de l’agenda !


Quelque part du côté de Madian (au-delà du Golfe Persique), Moïse a trouvé refuge et foyer après sa fuite d’Egypte. Il a fait le coup de poing sur un garde chiourme égyptien qui maltraitait un hébreux, mais les choses ont été ébruitées, et Moïse a du fuir… Il garde les troupeaux de son beau père, Jéthro, mais il n’a rien de la culture des bédoins ; bien des phénomènes naturels du désert lui sont inconnus : éduqué à la cour de Pharaon, par des maîtres de sciences et de sagesse, il n’a aucun apprentissage en botanique du désert. La fraxinelle ou dictame, aussi appelée « buisson ardent », qui a des tiges recouvertes de glandes oléifères sécrétant des essences inflammables qui prennent fugacement feu quand il fait chaud devient objet de curiosité attentive. C’est le moment choisi par Dieu pour lui donner rendez-vous.


Moïse est un homme qui a fuit, mais qui n’arrive pas cependant à chasser les questions qui le travaillent.
Qui est-il, lui-même ? Il a grandi comme un protégé à la cour de Pharaon, mais il n’est pas égyptien. Il a conscience d’être un hébreu, mais ses frères esclaves ne le reconnaissent pas comme des leurs. Il a épousé une fille de Madian, mais lui, qui est-il ?

Bien sur se pose la question de Dieu ; quel dieu ? si le ramage se rapporte au plumage, les liturgies dédiées aux dieux d’Egypte devaient être à la hauteur des temples découverts par les archéologues. Isis, Osiris, Râ, panthéon des dieux de la mort et de la vie, Moïse a grandi sous leurs ombres. Aujourd’hui il est le gendre de Jéthro, prêtre de la religion des madianites. Et cependant il est hébreu malgré tout, mais où est-il le Dieu d’Abraham quand sa descendance est réduite en esclavage ? Voilà les questions que Moïse doit ruminer tout en gardant le troupeau. C’est le moment choisi par Dieu pour lui donner rendez-vous.

 

Je suis qui je suis. Je suis et je serai. Je t’envoie. Va.

Pauvre Moïse ! . « Ôte tes sandales ». Dieu n’est pas enfermé dans un sanctuaire. Il est chez lui au cœur de nos vies, il est chez lui au cœur d’un peuple réduit à l’esclavage. Avant de marcher à la tête d’un peuple, Moïse ôte ses sandales devant son Seigneur. Le voilà au pied du mur de ses questions et de ses états d’âme. Il ne lui reste plus qu’à y aller… Dieu se charge du reste !

 

« C’est sûr, c’est Dieu qui parle dans ce feu brûlant. Il appelle : « Va, je t’envoie. Moïse se sent tout petit : « qui suis-je ? » Et Dieu dit : « Je serai avec toi » Et Quand Dieu dit, il fait, on peut lui faire confiance. » (Christophe Dufour, « Les marcheurs de Dieu »)

   

Dieu nous donne rendez-vous, à chacun son buisson ardent.

 

 

Christian Le Borgne, curé

Christian.leborgne@paroissesainteanne.fr