Ceux qui arrivent en Bretagne, particulièrement dans notre Finistère, découvrent cette expression qui nous est propre. « Y’a eu du goût », c'est-à-dire
que l’on garde un souvenir heureux d’un évènement, on a « goûté » à un moment riche du plaisir partagé…
Et donc, dimanche dernier, à la marche de carême, y’a eu du goût !
Rencontre intergénérationnelle conviviale, les paroissiens habituels, les jeunes adultes en marche vers le mariage, les enfants de la catéchèse, les jeunes préparant Joyfull, il y en avait pour
tout le monde ! Temps de marche, temps de jeux, temps de célébration, temps d’un verre partagé, voir d’un pique nique sorti du sac, temps de bricolage… du goût pour tout le monde, au goût de
chacun !
Michel Scouarnec, prêtre et formateur de notre diocèse, a publié en 2000 un ouvrage présentant la foi chrétienne, intitulé « La foi, une affaire de goût » (Editions de l’Atelier). En introduction à son ouvrage, il cite notamment le psaume de ce dimanche : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Psaume 33), et aussi des passages similaires au récit de l’Exode, le peuple hébreux découvrant la manne, et vivant dans l’espérance d’entrer dans un pays ruisselant de lait et de miel. Et l’on pourrait davantage goûter le récit du père et de ses deux fils, si l’on sortait des considérations morales pour s’en tenir à l’importance du repas : l’un aurait souhaité partager le « bastoc’h » des cochons, l’autre regrette de ne pouvoir faire un méchoui de chevreau avec ses amis ; le père manifeste sa joie en faisant apprêter le veau gras. Tout est affaire de goût et de bon goût. Les paraboles du Christ ne manquent ni de sel ni de saveur.
On a eu du goût, ce goût il nous reste à le partager : faire connaître la joie de savourer le miel de l’amitié, le piment de l’effort, l’amertume de la conversion, l’ivresse de la joie… Le carême n’est pas qu’une affaire de jeûne, c’est le temps offert pour redécouvrir les saveurs de la vie chrétienne.
Christian Le Borgne, curé