Toussaint, Samain, Halloween… que célèbre-t-on vraiment le 1er novembre ? Chaque année nous pouvons entendre des débats sur l’origine de cette fête. Lorsque le débat se passe dans une ambiance de dialogue, c’est toujours enrichissant. Mais force est de constater que nos « débats » actuels n’offrent pas toujours cette possibilité. Quel dommage ! Parce que nous aurions souvent tant à apprendre d’un vrai dialogue !
La Toussaint est une fête riche et belle ! Comme plusieurs fêtes chrétiennes, elle a une origine païenne. Devons-nous en avoir honte ? Les non-chrétiens doivent-ils nous en vouloir d’avoir « modifié » la fête d’ « origine » ?
Prenons un peu de distance, ça nous fera du bien !
Le fait qu’une culture « emprunte » des éléments qui lui semblent bons chez ses voisins ou ses prédécesseurs est assez commun. L’inverse consisterait à tout détruire, et ce n’est sans doute pas la meilleure façon de faire… Les romains avaient coutume d’ajouter à leur Panthéon les dieux des peuples qu’ils avaient conquis, en leur donnant des noms latins évidemment. Ils intégraient aussi leurs savoirs semble-t-il. Les incas ont fait de même de l’autre côté de l’océan. Dans l’histoire des peuples, certains ont préféré tout raser en s’installant à un endroit, d’autres tout intégrer, mais le plus souvent il y a un peu des deux…
Concernant notre foi, nous retrouvons dans la Bible des éléments empruntés aux peuples voisins du peuple élu, et certains venant même de Babylone ! Cette attitude d’intégration fait donc partie de notre foi depuis longtemps ! Et c’est naturel : nous partons du principe que Dieu a créé tout homme, et que tout homme est capable de rechercher Dieu, de cheminer vers Lui (cf Concile Vatican II : Lumen Gentium 16 ; Nostra Aetate…). Il peut donc y avoir un élan vers Dieu dans des cultures qui ne sont pas les nôtres et qui ne sont pas pour autant totalement incompatibles avec notre foi.
Les celtes croyaient en une vie au-delà de la mort et faisaient mémoire de leurs ancêtres. Un chrétien ne peut pas s’opposer à cela. Mais la façon de voir est différente. Un des messages principaux de la foi chrétienne est de « ne pas avoir peur » (répété plus de 350 fois dans la Bible, dont Mt 17, 7 ; Jn 6,20). Et il est important de partager cette Bonne Nouvelle : celui qui est revenu de la mort, Jésus le ressuscité, nous invite à ne pas avoir peur (Lc 24, 36). Comment alors pourrions-nous avoir peur de certains esprits ou même de la mort elle-même ? La foi chrétienne a permis d’enrichir quelque chose qui était déjà positif (la croyance des celtes en la vie après la mort, le respect des ancêtres) : notre vie est dans la main de Dieu qui prend soin de nous avec amour. Malheureusement, le jansénisme est venu noircir le tableau après coup, et beaucoup ne se réfèrent qu’à cela lorsqu’ils parlent de la foi chrétienne.
Pourtant la foi chrétienne est bien celle qui porte la Bonne Nouvelle, et celle-ci ne peut que nous réjouir ! Non seulement, la vie de tous les gens que nous aimons et qui sont décédés continue, mais pas de n’importe quelle manière. Ils n’errent pas sans but cherchant à revenir parmi nous à certains moments de l’année. Ils sont appelés à demeurer auprès de Dieu dans l’Amour, la paix et la joie. Mais en plus ils ne sont pas seuls : ils entrent là dans une vraie communion avec tous ceux qui nous ont montré que confier sa vie à Dieu en valait la peine : ceux que nous appelons les saints et les saintes. Imaginez une grande fête où nous retrouvons tous ceux que nous aimons et où nous rencontrons beaucoup de personnes que nous sommes heureux de découvrir ! C’est à peu près cela qui se vit « là-haut », et c’est pour cela que la Toussaint est une fête ! Les celtes ont apporté cette fête à l’Église, ce beau moment où nous faisons mémoire de ceux qui nous précèdent, et la foi chrétienne a apporté à ce culte son regard de confiance, d’espérance et de paix.
Bonne fête de tous les saints ! Gouel laouen deom ha d’an oll zent !
Daniel de Kerdanet, kure (e brezoneg eveljust !) ;)