Briec. Le Père Jean Doret, en mission à la paroisse Sainte Anne
Le Père Jean Doret a quitté Haïti fin octobre, appelé dans le Finistère pour un temps de mission. Entretien.
Ouest-France Publié le 30/12/2019
Trois questions au Père Jean Doret.
Vous êtes en fin de semaine au presbytère de Briec. Quelle est la Congrégation qui vous a missionné à la paroisse Sainte-Anne ?
Je suis Père missionnaire de la Congrégation des Pères de Saint-Jacques, dont le centre missionnaire, situé à Guiclan (Finistère), délègue beaucoup de prêtres en Haïti, au Brésil et en France. En 1864, à l’appel du Pape Pie IX, beaucoup de prêtres et de sœurs de Saint-Joseph-de-Cluny se sont engagés dans des missions d’évangélisation en Haïti. 95 % étaient originaires du Finistère et il reste plus de 200 congrégations religieuses catholiques. Je suis originaire de Jacmel au sud-est. Après des études secondaires à Port-au-Prince, j’ai rencontré les Pères de Saint-Jacques. J’ai été ordonné prêtre en 2012. J’effectue ici deux services : un service paroissial à Sainte-Anne – Châteaulin et un service sociétaire à Guiclan.
Quelles nouvelles avez-vous de vos proches à Haïti ?
En ce moment, c’est Noël et une période de pause après des mois difficiles. La vie a repris, mais pour combien de temps ? Sur le plan culturel, on ne chôme pas à Haïti, que ce soit en musique, en littérature, en arts plastiques, et les moments de fête sont propices à la création, que ce soit Noël, la fête du Vaudou ou le Carnaval, puis le Carême et les fêtes paroissiales. C’est la religiosité populaire.
Mais avant mon départ, nous circulions difficilement, par exemple, si on allait chercher les enfants qui ne pouvaient pas venir à l’école. On fait appel pour tout au prêtre dans sa paroisse, et il faut éviter les zones de non-droit livrées au banditisme. Les mafias, c’est tout un système !
À propos de religiosité populaire, l’exposition de crèches haïtiennes que vous avez commentée à la chapelle Sainte-Cécile en est-elle une expression ?
Oui, c’est une forme d’art naïf, expressif, réalisé par un groupe d’artisans. C’est un travail de titan car les représentations de la Nativité, associées parfois aux scènes quotidiennes, sont réalisées sur des tôles de bidon d’huile. Le bidon est découpé, brûlé par le feu pour avoir la matière puis aplati. Dessinés sur la tôle, les motifs sont ensuite découpés avec une précision étonnante. J’appelle ces artistes des bossmétals. Cet art se développe sur des tôles, des fourches de bois, des racines.
Jusqu’au 15 janvier, exposition de crèches haïtiennes à Sainte-Cécile.