L'église de l'Ile de Sein est ornée d'une série de vitraux comme celui ci, évoquant des passages de l'Evangile, relatifs aux récits ayant rapport aux pêcheurs.
Au travers de ces quelques vitraux sont évoqués l'appel des pêcheurs, qui en mer, qui réparant les filets, puis la pêche miraculeuse, la multiplication des pains et des poissons, Jésus calmant la
tempête, Pierre rejoignant avec quelque hésitation Jésus sur l'eau... et pour tout finir, le repas d'Emmaüs où le Ressuscité partage le pain avec deux marins pêcheurs, vareuse de toile, sabots de
bois et béret de laine à la mode de chez nous. Inutile de reproduire la tenue des hommes de Galilée, c'est bien chez nous que ça se passe aussi !
Des galiléens aux sénans, il y a ce lien du Fils de Dieu qui "a besoin des hommes...", et qui pour cela, appelle des pêcheurs à sa suite, pour en faire des pêcheurs d'hommes.
C'est une autre réalité bien connue des sénans, que d'être "pêcheurs d'hommes". Quand sonne la sirène, quel que soit le temps et la tempête, rejoindre le canot SNSM pour sortir des passes
dangereuses du Raz de Sein ou de sa Chaussée les malheureux naufragés.
En ce 3ème dimanche du temps ordinaire, le Pape François a voulu que soit particulièrement mise en valeur la Parole de Dieu. "Pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient de ce dialogue
constant de Dieu avec son peuple"...
La Parole de Dieu, ce n'est pas seulement un récit historique, mis par écrit dans un temps donné, pour nous informer d'évènements à jamais révolus. Comme nous l'indiquent ces vitraux de Sein, les
hommes de l'Ile sont invités à reconnaître dans le travail de l'artiste, que les récits évoqués dans les livres de l'Evangile sont pour eux une invitation, "un dialogue constant" que Dieu établit
par la médiation des Ecritures. Jésus les appelle, il leur confie une mission, il les invite à dépasser leurs peurs, il est avec eux.
Guidés par l'Esprit Saint, nous passons d'une première lecture de prise de connaissance littéraire, à une relecture croyante ; dans ce qui est dit de la relation de Jésus à ses premiers
disciples, nous reconnaissons la relation qu'il vient établir avec nous au plus secret de nos vies. Dans l'échange mutuel de notre lecture, nous nous habituons à relire ce dialogue de Dieu
avec nous.
C'est avec grand intérêt que nous lirons le motu proprio Aperuit_Illis.
Pris de cours, nous n'avons rien envisagé dans notre paroisse, en cette première année de mise en application. La remise des évangiles aux enfants de la catéchèse a déjà été effectuée... Nous
verrons l'an prochain comment mettre particulièrement en valeur ce dimanche de la Parole de Dieu. Mais comme le souligne le pape François, il ne s'agit pas seulement d'un dimanche, mais d'une
dynamique constante. Le Concile Vatican II a voulu restituer le trésor de la Parole de Dieu au cœur de la liturgie : en plus des lettres de Paul et des apôtres, passages de l'Ancien
testament, non sur une, mais sur trois années... Chant du psaume pour donner écho à cette Parole, (y compris lors des funérailles)... Prières et acclamations largement inspirées par les textes
bibliques... Et l'homélie souhaitée par la réforme liturgique se substitue au "sermon", elle a pour mission de donner à comprendre et accueillir l'Ecriture proclamée. Ne nous privons pas de
ce trésor, et n'allons pas le brader, particulièrement lors de célébrations des sacrements, en leur substituant des écrits certes vénérables, mais qui ne peuvent avoir la prétention d'être
considérés comme parole divine.
Ce n'est pas seulement la liturgie qui doit porter cette mission de donner à entendre la Parole. Les mouvements d'évangélisation trouvent toute leur pertinence lorsqu'ils se nourrissent de la
lecture et de la "relecture" croyante des Ecritures. Ils sont le lieu privilégié du dialogue entre les défis de notre temps et les appels que nous adresse notre Dieu. Quand nous risquons, pour
reprendre les expressions de Alphonse Borras, de nous enfermer dans nos querelles de "bac à sable" et de "panier de crabes", ils sont le souffle qui ouvre de nouveaux horizons, ils nous ouvrent à
l'accueil du Ressuscité sur nos rivages d'hommes et de femmes, lui qui nous invite à avancer en eau profonde.
Christian Le Borgne, curé