Dans le chapitre 5 de l’Évangile selon saint Matthieu, après avoir commenté l’interdit de tuer dans la Loi de Moïse, Jésus aborde deux aspects de la Tradition juive : la loi du talion et l’amour des ennemis.
Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne,
il leur disait : Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, dent pour dent.
eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ;
mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.
Et si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta tunique,
laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.
Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter.
La loi du talion était ainsi formulée dans le livre de l’Exode (21, 23-25) : « En cas de malheur subi on peut rendre vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure ». Cette règle marque un progrès dans l’histoire de l’humanité. Avant elle sévissait celle de Lamek, un descendant de Caïn qui disait : « Pour une blessure, j’ai tué un homme ; pour une meurtrissure, un enfant. Caïn sera vengé sept fois, et Lamek, soixante-dix-sept fois ! » (Gn 4, 23-24) Moïse préconise donc une règle moins barbare : un coup donné pour un coup reçu, pas plus. Mais Jésus inverse les choses : si l’on te gifle sur la joue droite, tends encore l’autre. Quelqu’un t’oblige à faire mille pas avec lui, fais-en deux-mille. Pardonne soixante-dix fois sept fois (Mt 18, 22). Attitude stupide, lâche assurément et sans réalisme, diront certains.