Peux-t'on traiter avec légèreté un sujet aussi sérieux que la maladie ? Certes non, mais c'est le propre de l'humour juif que de prendre de la distance vis à de son propre malheur. Et nous sommes héritiers de cette culture biblique, qui invite a vivre toute circonstance, particulièrement les plus dramatiques, avec sagesse.
Nous voici donc en prise avec une nouvelle maladie, le Coronivarus
COVID-19. Le mal qui ne semblait concerner que la Chine est aujourd'hui chez nous ; notre voisin, le Morbihan, se trouve en situation d'alerte très élevée, incitant l'évêque de
Vannes à interdire tout rassemblement dominical. Dans le
Finistère, notre évêque, avec les évêques de France, nous a donné samedi quelques consignes, que j'ai aussitôt
mises en lignes : éviter les gestes de familiarités pour se saluer, de même pour le geste de paix, et éviter de communier sur la langue... Nous sommes plus que jamais invités
à limiter toute propagation de la maladie en respectant les règles d’hygiène qui s'imposent. Plus gênant, parce qu'il s'agit des personnes déjà isolées, des mesures particulières sont prises
vis à vis des EHPAD. Autre déconvenue, en ce temps de carême, les rencontres prévues avec le partenaire du CCFD-Terre Solidaire, du monde de la pêche au Sénégal, sont annulées...
Cette crise qui nous affecte, nous incite à vivre plus intensément ce Carême. Non pas que nous soyons mis en "quarantaine", mais nous percevons davantage notre fragilité, dans un monde qui a
tant valorisé notre toute puissance. Comme dans le récit de la Genèse, après avoir été tentés par la maîtrise de la connaissance du bien et du mal, nous faisons la triste expérience de notre
nudité, de notre fragilité.
Loin de nous enfermer sur nous même, cela devrait nous inciter à plus d'attention les uns vis à vis des autres... A défaut d'une poignée de main machinale, échanger un profond regard, un vrai
sourire...
Faisons confiance aux professionnels qui à la suite de Pasteur sauront une fois de plus trouver la parade à la maladie. Portons-les, avec tous les soignants, dans la prière, ainsi que toute personne confrontée à la maladie de quelque nature soit le mal.
Pensons qu'il y a un mal encore plus terrible que toutes les pestes et choléras qui ont marqués notre humanité, celui que je nomme le "coronapétrus". Que le Seigneur ôte nos cœurs de pierre, que
son Esprit ravive nos cœurs de chair.
Christian Le Borgne, curé