Nous entendons ce dimanche le long récit de la rencontre entre Jésus et une femme, au pied d’un puits, en Samarie… Comment
s’appelle-t-elle ? Nous n’en savons rien. À défaut, on l’appelle « la Samaritaine » … En quelque sorte, au-delà d’une rencontre relatée dans l’évangile de Jean, entre Jésus et une
femme, il y a le récit entre Jésus et une « figure » de notre humanité. Et dans le prolongement de cette rencontre singulière, il y a la rencontre entre Jésus et les hommes du village.
« Venez voir un homme qui m’a tout révélé de ma vie, ne serait-il pas le Messie ? ». Révélée à elle-même et relevée tout autant, elle s’empresse de communiquer sa joie et le désir
de la rencontre auprès de ceux qui n’arrivaient pas à satisfaire la soif de son cœur…
La rencontre engendre d’autres rencontres. Ce n’est plus seulement une femme, c’est un village, et davantage encore, le peuple de Samarie qui entend l'invitation "si tu savais le don
de Dieu"; un peuple idolâtre, dominé successivement par divers empires et ayant adopté leurs diverses idoles, à l'image de la femme aux multiples maris successifs. Ce peuple vit la
rencontre avec l’Epoux véritable. Celui qui venait d’introduire à la joie des Noces le peuple de Galilée, à Cana, ouvre la salle des noces au peuple de Samarie. Ce n’est plus par ouï dire,
eux mêmes l’entendent, eux mêmes vivent la rencontre, eux mêmes le reconnaissent.
Ce récit de Jean auprès du puits de Jacob est image de ce que nous appelons la mission, l’évangélisation, l’annonce de l’Évangile. Cela commence par une rencontre joyeuse, une joie si forte qu’elle demande à être partagée ! C’est-à-dire ce que nous dit le Pape François dans « La joie de l’Evangile ». Évangéliser, permettre cette rencontre avec la personne du Christ, sa Parole qui nous révèle à nous même combien nous sommes aimés de Dieu.
Ah si l’Evangile pouvait se transmettre comme les virus ! Nous sommes obligés d’annuler la Marche de carême, afin d’éviter que les enfants potentiellement porteurs de la maladie ne rencontrent les personnes âgées potentiellement fragiles. Or c’est précisément ce que nous souhaitons pour éveiller à la foi : que la rencontre entre personnes âgées et les plus jeunes, suscitent cette joie, cette soif de l’accueil du Christ…
« Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit
que nous croyons :
nous-mêmes, nous l’avons entendu,
et nous savons que c’est vraiment lui
le Sauveur du monde. »
Christian Le Borgne, curé