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Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie

Nous entendons souvent, à l'occasion des funérailles, le passage d'Evangile proclamé ce dimanche. Sans doute parce qu'il est question dans ce récit, de nombreuses demeures dans la maison du Père...


Lorsque le Christ s'adresse à ses disciples, il leur annonce son départ vers le Père, et, en ce temps pascal, il nous dispose déjà à la fête de l’Ascension. Il approfondit notre foi dans le mystère trinitaire.


Comme dans les grands récits de l'évangile de Jean, l'incompréhension des auditeurs, manifestée par des questions à priori naïves, permettent au Christ d'approfondir son enseignement. Il leur parle de son départ vers le Père, qu'il y va pour nous préparer une place, qu'il nous invite à le suivre... Deux disciples, Thomas et Philippe, interviennent alors, manifestant leur impatience à comprendre ce dont le Christ parle.
Thomas tout d'abord : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? », Philippe ensuite, « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
A l'un,  le Christ répond, "Je suis le chemin, la vérité, la vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi", puis à l'autre "Qui m'a vu a vu le Père".

Ces deux réponses données aux disciples sont intimement liées, toutes deux qualifient la relation établie entre le Père et le Fils.
Déjà, comme je vous l'expliquais, dans le mot de la semaine dernière, dans l’expression "JE SUIS", le Christ souligne sa relation unique comme révélateur de Dieu. Trop de commentaires portent sur cette affirmation "Je suis la vérité", en traitant de la vérité comme d'un sujet de philosophie ou de morale, voire de thèse scientifique. Ainsi Pilate lors du procès, "Qu'est-ce que la vérité ?" en réponse à la parole de Jésus "Je suis venu rendre témoignage de la vérité". Tentation aussi de réduire Dieu à cette seule notion de "Vérité", au risque d'en faire une idole pour intellectuels ou fondamentalistes, enfermant Dieu dans des formulations désincarnées. Le Pape François dénonce vigoureusement ce travers qu'il appelle "le gnosticisme actuel" (Gaudete et Exsultate, §40 et suivants). Jésus se qualifie comme étant la vérité, non en opposition à l'erreur, mais comme celui qui nous révèle le Père. Il dit et atteste ce qu'il a entendu du Père. Il nous donne de connaître le Père. Il est le chemin qui nous conduit vers le Père. C'est cela qui suscite en nous la vraie vie ; "la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi Père, et celui que tu as envoyé" (Jn 17,3)

Comme Jésus le Bon Pasteur, nous révèle le Père comme le Berger attentif à ses brebis, le Fils est en toute chose celui qui nous révèle l'amour du Père. A l'approche de la fête de Pentecôte, viendra le temps de la promesse, celle du don de "l'Esprit de vérité", qui enseignera toute chose. C'est l'Esprit du Christ qui nous donnera de goûter ce mystère de l'amour de Dieu, et d'accomplir ses œuvres.
Au terme de ce passage, nous entendons le Christ user de cette formule : "Amen, amen, je vous le dis", parfois traduit par "En vérité, en vérité, je vous le dis". Double signification de cet amen : "Cela est fondé en Dieu, c'est vrai !" ; seconde signification, comme le pendant de cette affirmation, "je le reconnais et j'y répond vraiment, de tout mon être".


Chemin, vérité, vie... Trois mots pour les disciples du Christ en ce temps pascal. Quelques soient les circonstances, elles sont invitation à ne jamais s'arrêter en route. Illuminés par la parole du Christ qui nous révèle le Père, nous sommes invités, convoqués à vivre pleinement cet amour. Les deux autres lectures de ce dimanche complètent cet appel. D'une part, un récit, l'institution des "Sept", en complément du groupe des "douze", récit au travers duquel l'Eglise reconnait l'institution des diacres pour un service particulier ; "Diaconia" se traduit par "service". D'autre part, une exhortation de Pierre  :"vous êtes les pierres vivantes" appelées à édifier le temple spirituel, à rendre le véritable culte comme peuple sacerdotal...
Pour l'heure, Il ne nous est pas encore donné de le manifesté au travers de nos assemblées dominicales ! Mais continuons à le vivre dans la contemplation de ce Dieu qui nous révèle combien nous avons du prix à ses yeux, et qui nous invite à demeurer en lui. Serions nous des demeurés de croire en cela ?

 

Christian Le Borgne, curé

 

illustration : retable de la sainte Trinité, église de Loqueffret