Sant Erwan

 

 

  Aujourd’hui, 19 mai, nous fêtons saint Yves. Ce jour est devenu la fête de la Bretagne. Saint Yves est en effet patron de la Bretagne (avec Sainte Anne), mais aussi des hommes de loi et des prêtres bretons. Mais comment est-il possible de nous identifier à un saint du 13^e siècle ? Comment pouvons-nous être fiers d’avoir Saint Yves pour saint patron ?

 

 

  Sans doute parce que beaucoup de gens pourront trouver dans sa personnalité et dans son histoire quelque chose qui les rejoint. Peut-être aussi parce qu’on n’arrive pas à le mettre dans une case, et cela le rend sympathique !

  Prêtre trégorois ayant fait ses études à Paris et à Orléans et aimant prêcher en breton, mar plij ! Érudit issu d’une famille noble, ayant un beau poste d’official* (juge ecclésiastique) et cherchant à se dépouiller toujours plus pour suivre le Christ d’une manière authentique en mettant les pauvres au centre de sa vie. Influencé par les franciscains, il a donné aux pauvres ses richesses intellectuelles (en cherchant à les défendre de la manière la plus juste possible) et matérielles (en leur procurant de quoi se nourrir et s’habiller). Défendre les plus pauvres, oui, mais toujours en restant juste, intègre. Difficile de le résumer en quelques mots à vrai dire… Et c’est ça qui est intéressant !

 

 

  La personnalité de saint Yves est riche, complexe, pleine de reliefs et de nuances. Et c’est sans doute comme cela aussi qu’il voyait celle des autres. Il ne s’arrêtait pas aux apparences, s’efforçait de ne pas dire du mal des gens. Il était exigeant avec lui-même et bon avec les autres. C’est beau, impressionnant ! Ça nous fait du bien de pouvoir contempler une vie si authentiquement chrétienne ; et en plus, il est de chez nous ce gars-là !

 

 

  Le souci avec les saints et les saintes, c’est que nous risquons souvent de contempler leur vie comme on contemple un beau paysage, au loin, en spectateurs ! Le confinement nous a pourtant appris que ce n’était pas la même chose de voir des photos de mer et de pouvoir mettre nos pieds dans le sable ou dans l’eau et de crapahuter dans les rochers en respirant l’air iodé ! C’est pareil pour la vie des saints : ils nous invitent à les suivre, ou plutôt à suivre le seul vers qui nous devons orienter nos vies, Jésus-Christ. Ils se proposent à nous comme compagnons de route pour nous aider à suivre le Christ. Nous pouvons répondre à l’invitation ou rester spectateurs. La saveur de notre vie ne sera évidemment pas la même.

 

 

  Saint Yves nous apprend à être justes et intègres. N’hésitons pas à l’invoquer pour les injustices que nous subissons et qui nous rendent attentifs à celles que d’autres peuvent vivre. Mais invoquons-le aussi pour qu’il nous aide à combattre nos propres injustices envers nos frères et sœurs et envers nous-même. Ce sont sans doute celles qui nous empêchent le plus d’être heureux. Le Christ nous donne sa joie par son Esprit, mais seul un cœur humble peut l’accueillir.

 

 

  Nous sommes fiers d’avoir Saint Yves pour patron, alors profitons-en pour nous mettre à son école, qui n’est autre que celle de l’Évangile. A l’heure où nous nous préparons progressivement à nous retrouver en communauté pour célébrer ensemble, que Saint Yves nous aide à découvrir notre vraie richesse : nos frères et nos sœurs.

 

  Bonne fête à tous les Yves, Erwan et compagnie... !

 

 

Daniel de Kerdanet

Kure (= "vicaire") parrez Santez Anna

 

 

 

*puis de prêtre dans son diocèse natal