Pendant ce temps de confinement, les chaînes de télévision nous ont abreuvés des classiques du cinéma, Louis de Funès, et en moins comique, la saga des Harry Potter. Ces temps-ci nous avons le droit au « Seigneur des anneaux »…
Pas grand-chose à voir avec la religion et la foi chrétienne, me direz vous ! Et pourtant ! Michel Galabru, décrivait le personnage incarné par de Funès, comme la caricature de celui qui se fait insolent et dominateur vis à vis des petits, et au contraire rampant et servile vis-à-vis des puissants. A l’inverse de cette attitude, nous avons dans le personnage de Harry Potter et de ses amis, ainsi que dans les héros du « Seigneur des anneaux », une attitude de refus et de résistance à toute forme d’oppression et de mensonge. Il y a un trait moral commun à ces récits fantastiques, exprimé dans le conseil du professeur Dumbledore à Harry : « Bientôt nous aurons tous à choisir entre le bien et la facilité »
Pas grand-chose à voir avec la vie interne de l’Eglise non plus, me direz-vous, la commémoration du 18 juin 1940. Et cependant, bien des visages d’hommes et de femmes qui se sont levés pour dire « non ! » à l’idéologie et la violence des partisans de l’auteur de « Mein kampf » l’ont fait tant comme citoyens, animés de leur foi chrétienne tout autant qu’au nom d’un idéal humaniste et républicain. Bien des noms me viennent en tête, Mr Le Gall d’Audierne, Mr Henri Beaugé, que j’ai connu au Relecq kerhuon, (et par la même occasion, sa fille Mme Anne Soupa) et aussi ces personnes dont les biographies sont élogieuses : Le Lieutenant d’Estienne d’Orves, Mme Geneviève Anthonioz De Gaulle, propre nièce du Général, co fondatrice d’ATD-Quart Monde… Côté allemand, des figures de résistance au nazisme comme le pasteur Dietrich Bonhoeffer ou l’abbé Franz Stock
Ces figures chrétiennes soulignent en contre point combien l’Eglise dans la grande majorité de ses cadres s’est trouvée aveugle et timorée dans ces heures de combat. En dehors de l’archevêque de Toulouse, Mgr Saliège, et de cinq autres évêques, aucune parole épiscopale pour dénoncer le sort réservé aux juifs ou les exactions nazies.
Résistants dans le combat contre les nazis, résistants à l’heure de la libération, comme encore Mgr Saliège devenu compagnon de la libération, dénonçant les procès sommaires.
« On tue l'homme qui déplaît. On tue l'homme qui n'a pas des opinions conformes. On tue sans jugement ; on tue avec jugement. On tue en dénonçant ; on tue en calomniant. On tue en jetant dans la rue, par la radio, par la presse des paroles de haine […] Tous les terroristes sont inhumains et condamnés par le monde chrétien. »
Résistants encore et toujours dans les combats des années de la décolonisation, comme le général de La Bollardière, compagnon de la Libération, condamné à la forteresse durant la guerre d’Algérie pour avoir dénoncé la pratique de la torture. « La guerre n’est qu’une dangereuse maladie d’une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l’horreur, n’est que l’envers affreux de la communication fraternelle. Elle dégrade celui qui l’inflige plus encore que celui qui la subit. Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, renoncer à construire un monde plus humain. ».
Son action est indissociable de sa foi chrétienne. « Je pense avec un respect infini à ceux de mes frères, arabes ou français, qui sont morts comme le Christ aux mains de leurs semblables, flagellés, torturés, défigurés par le mépris des hommes »
Bien sur, ces grandes figures chrétiennes de la résistance demeurent pour nous des veilleurs dans la nuit.
« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme » nous dit le Christ, dans l’Evangile de ce dimanche. Ces hommes, ces femmes nous convoquent au
devoir de mémoire et de vigilance.
Christian Le Borgne, curé