2020 restera dans les mémoires une année "sans"...
Sans feu de la St Jean, ni fête de la musique ; sans pardon de St Jean ni autre pardon ; sans examen de fin d'année Bac ou BEPC...
Plus que jamais, Saint Jean le Baptiste sera pour nous, cette année, la figure même de la rupture. D'une lignée sacerdotale, inscrite dans la tradition de Aaron, et nécessairement au Temple, à
Jérusalem, sa mission s'inscrira dans celle des prophètes, notamment de la grande figure de Elie, et celle de Esaïe, voix criant dans le désert. Son nom est Jean, alors que personne avant lui
dans la famille n'a porté ce nom là !
Cette rupture familiale nous donne à comprendre l'exigence de la parole du Christ, choquante ce dimanche, invitant à oublier la famille lorsqu'elle fait obstacle à l'annonce du Royaume. Sans
être nécessairement aussi radicale, cette parole du Christ nous invite, à la manière de Zacharie et de Elizabeth, à servir la vocation de leur enfant, son devenir propre, selon le projet de Dieu,
plutôt que les désirs et les coutumes paternels. Ce qui peut être perçu comme un sacrifice douloureux, peut tout autant être vécu comme un grand feu de joie purificateur et libérateur .
Jean, un homme de transition, invite à préparer les chemins du Seigneur. Nous sommes aujourd'hui dans une situation où des choix sont nécessaires. Il est clair que nous ne pourrons plus continuer
"comme avant", et qu'il nous faut, bon gré mal gré, accueillir des initiatives nouvelles, abandonner des habitudes, mêmes séculaires. Les quelques semaines de confinement que nous avons vécues
ont mis un coup de frein brutal à toutes nos activités, nos projets. Peu à peu, nous sortons de ce confinement, mais nous percevons bien qu'il nous est difficile de retrouver le rythme normal de
la vie. Il est vrai que cette période de la Saint Jean Baptiste correspond habituellement à une époque où on se dispose à "débrayer" à l'approche de la saison estivale. Mais il y a un ressenti,
exprimé par les uns et les autres, qui va au-delà de ça. Le jeûne d'activités qui nous a été imposé, nous a fait ressentir combien était illusoire notre volonté de "tout assurer", de faire comme
si l'on pouvait continuer éternellement les activités multiples, alors que ne voyons pas arriver de relève. Il encore trop tôt pour prendre des décisions. Dans l'immédiat, nous savons que nous
aurons besoin de cet été pour nous reposer vraiment, sans agitation. Et le fait que se soit un été "sans", sans pardon, sans festivité, nous incitera à le vivre comme une période salutaire de
ressourcement et de réflexion.
Ceci dit, la vie continue, avec la levée progressive des restrictions. Le service évangélique des malades va pouvoir proposer des célébrations dans les maisons de nos aînés. Attention ! Nous
sommes toujours invités à la prudence, et notamment dans le respect des gestes barrières, dans nos assemblées. Comme nous l'écrit notre évêque, "Même si chacun peut avoir son point de vue sur
l’efficacité de ces mesures, comme j’ai pu l’entendre, nous devons les respecter, comme elles sont respectées partout ailleurs. Ainsi, nous nous protégeons nous-mêmes et nous protégeons les
autres, et nous contribuons à l’effort commun de lutte contre la pandémie. Ce qui est vrai pour chacun d’entre nous, l’est pour chacun des membres de nos communautés paroissiales. C’est une
question de charité. Or « la foi sans la charité, c’est un cuivre qui résonne », comme dit Saint-Paul. Faire le contraire de ce qui est demandé est un contre-témoignage."
La vie continue cependant avec ses changements. Vous trouverez en ligne les nominations promulguées dans le diocèse. Malgré les rumeurs qui me sont parvenues, nées de personnes sans doutes mieux informées que les responsables eux mêmes, il n'a jamais été question que je reçoive cette année une nouvelle mission. Mais autant ramasser les plumes portées par le vent que de rattraper des rumeurs... Vous remarquerez dans ces nominations que Jean Baptiste Gless, qui a assuré comme administrateur la conduite du Porzay, il y a six ans, revient à notre porte comme curé de Saint Tugdual-Douarnenez. Vous noterez également que Claude Rault, diacre, a accepté la responsabilité du service diocésain de la santé ; que Louis Seité a accepté celle de la concertation de la vie religieuse ; enfin que Jocelyne Lepape est arrivée au terme de sa mission au sein du conseil épiscopal. Félicitations et remerciement à chacun d'eux ! Au sein de la paroisse, il y aura également des mandats renouvelés au sein de l'équipe pastoral. Au secrétariat, Bérengère se prépare à prendre la relève de Julie. Nous avons la période estivale devant nous pour préparer la rentrée, mais sans négliger le repos nécessaire. Nous en aurons bien besoin pour inventer des chemins nouveaux.
A tous, bon été !
Christian Le Borgne, curé