Un homme avait deux fils.
Il vint trouver le premier et lui dit :
‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’
Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’
Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière.
Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’
et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ?
La réponse à cette parabole « devinette » est apparemment simple à trouver. Mais avec Jésus, rien n’est jamais simple ! S’il est facile, pour un
contremaître ou un patron, de vérifier qui est présent et actif au travail, comment évaluer ce qui est de réaliser la volonté de Dieu ? C’est bien de cela dont il est question, quand Jésus
utilise l’image de la vigne, comme dans la parabole de dimanche dernier, quand l’ouvrier de la onzième heure perçoit un salaire identique à tous les autres.
Il est facile, pour chacun de nous, comme peux le faire un enfant dans les querelles domestiques, de dire « j’ai fait ma part ! ». Et nous pourrions même nous sentir en droit de
réclamer des comptes et des reconnaissances…
Quand nous aborderons, au terme de l’année liturgique, la parabole du jugement dernier, nous comprendrons alors, ou pas, que de travailler à la vigne est une tâche qui ne se fait pas
nécessairement de la manière dont nous le comprenons à priori. « J’ai eu faim, j’étais nu, j’étais un étranger… ». Je souligne particulièrement cette réalité en ce dimanche des
migrants et des réfugiés. Le thème en est, cette année «Fais moi connaître ta route». Si nous prenons au sérieux cette prière du
psalmiste, c’est bien parce qu’il nous faut sans cesse découvrir en quoi le Seigneur nous appelle à la vigne, en quoi nous répondons ou non à son invitation. Je suis témoin, sur la paroisse, de
ce qui a été mis en œuvre, dans le souci d’accueil et d’intégration de personnes exilées, notamment à Brasparts et à Briec…
Un autre passage de l’Ecriture nous éclaire et nous provoque en ce dimanche : l’appel pressent de Paul aux chrétiens de Philippe :
"s'il est vrai que dans le Christ on se réconforte les uns les autres,
si l'on s'encourage avec amour,
si l'on est en communion dans l'Esprit,
si l'on a de la tendresse et de la compassion,
alors, pour que ma joie soit complète,
ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ;
recherchez l'unité.
Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux,
mais ayez assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes.
Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts,
pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus"
Quel est le fils qui a accompli la volonté du Père, sinon Jésus, LE FILS ? Et c’est en toute chose, partageant sa disposition, qu’il nous est donné de faire la
volonté du Père !
Ce dimanche, à Pleyben, seront célébrées les premières des communions et les Profession de foi. Il est plus simple d’accueillir des enfants que des migrants, me direz vous. Je n’en suis pas si sûr. Ils nous déplacent dans nos habitudes, nous interrogent dans nos pratiques et nos langages, il nous faut leur accorder du temps, de la patience, leur laisser de la place... Ce qui nous est donné cette année comme repère pour la journée des migrants vaut pour la pastorale des enfants et des jeunes : connaître pour comprendre / s’approcher pour servir / écouter pour réconcilier / partager pour grandir / impliquer pour promouvoir / collaborer pour construire.
Dans les lettres rédigées par les enfants, manifestant leur désir de communier, je découvre des trésors de richesses et de générosité, et aussi de grandes attentes. Eux aussi sont appelés à
travailler à la vigne. Il nous revient de les accueillir et des les associer à cette noble tâche.
Christian Le Borgne, curé