Nous ne sommes pas encore dans le temps de l'Avent, mais les textes de ce dimanche nous y préparent. Comme chacun le sait, sinon, devrait le savoir, le temps de l'Avent nous dispose non pas à
célébrer la naissance de l'enfant Jésus dans la crêche de Bethléem, mais à l'accueillir, quand il viendra au terme de l'histoire. (CIC §524) Il en est comme
des élections, aux Etats Unis ; à l'heure ou je rédige ce billet, l'issue en est connue, mais quand sera t'elle avérée, nul n'en sait ni le jour ni l'heure !
"Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure" nous dit le Christ en ce dimanche. Il illustre ce
propos de la parabole des dix jeunes filles invitées à des noces, et qui attendent la venue de l'époux. "Comme dans les anciens mariages orientaux, le fiancé n'apparaît pas exactement à une date fixée à l'avance mais s'attend à une fête
bien ordonnée, ainsi l'âme doit-elle être toujours prête à rencontrer Dieu." dit le commentaire du choral de Bach.
Cinq de ces jeunes filles disposent de suffisamment d'huile dans leur lampe,
tandis que cinq autres, insouciantes, ratent le rendez-vous ! Jésus, aujourd'hui, prendrai comme image celle des téléphones portables : "je n'ai plus de batterie"...
Pam, palalam,
pam pam palam, pam pam, palalam, pam pam palam...
D'un côté, cinq jeunes filles. C'est le thème principal de la cantate. Toutes guillerettes, telle Perette de la fable, "cotillon simple et souliers plats", elles rêvent de la joie des noces, mais
leur insouciance leur fait rater le rendez-vous.
En contre chant, en basse soutenue, la sagesse de cinq autres jeunes filles, prévoyantes. Elles sont là pour accueillir l'époux à l'heure de sa venue, et partagent la joie des noces avec lui.
"Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure". Ce n'est pas à un jour de peur que le Christ nous prépare, mais à un jour de joie, à des noces éternelles. Comme nous le disons en chaque
eucharistie : "Heureux les invités aux noce de l'Agneau". Cela demande un minimum de dispositions. L'invitation "Heureux" n'est pas sans nous rappelez les Béatitudes proclamées à la Toussaint.
Elle nous rappelle d'autres paraboles similaires : "Heureux le serviteur que le Maître trouvera, à son retour, entrain de veiller", ou le premier des psaumes "Heureux l'homme qui met sa foi dans
le Seigneur" (Eüruz an hini a garo Doue...).
Nous pouvons être marqués par l'impatience ou par le doute. Pourquoi tardes-tu, Seigneur ? Face aux difficultés et souffrances de ce monde, nous pourrions nous décourager, perdre de notre "huile", cette flamme intérieure qui nous donne de tenir dans la durée et l'adversité.
Nous vivons dans un monde qui ne croit plus, ni "au grand soir", ni dans un monde nouveau, chacun cherche au jour le jour, mais plutôt par temps de brouillard, à tracer son chemin d'humanité.
Chrétiens, plus que jamais nous sommes convoqués à vivre en témoin de l'espérance. "Tiens ta lampe allumée" chantais le Père Duval.
Christian Le Borgne, curé