Quel destin extraordinaire ! Quelle réussite pour David, le jeune roi d’Israël ! Des tribus dispersées, il a fait une nation unifiée, Il a érigé sa citadelle sur le Mont Sion, Jérusalem, sa capitale. Il y a construit son palais, signe resplendissant d’un trône fermement établi. Quel parcours pour celui qui, enfant, n’était que le petit dernier d’une nombreuse fratrie, tandis qu’il gardait les moutons de son père Jessé, dans le petit village de Bethléem ! C'est là qu'il fut choisi par le prophète Nathan pour être roi. Et maintenant que son pouvoir est établi, il ne trouve pas normal que Dieu n’ait pas un temple digne de ce nom ; un temple comme en ont les dieux dans les pays voisins, en Egypte par exemple. L’Arche d’Alliance, signe de la présence de Dieu au cœur de son peuple, est toujours sous la tente, comme au temps de l’exode, comme un vulgaire nomade, comme un bédouin… Je vais construire un Temple… Manière aussi d’assigner Dieu à résidence, et d’accroître son prestige de roi par le fait même…
Le roi David habitait enfin dans sa maison.
Le Seigneur lui avait accordé la tranquillité
en le délivrant de tous les ennemis qui l’entouraient.
Le roi dit alors au prophète Nathan :
« Regarde ! J’habite dans une maison de cèdre,
et l’arche de Dieu habite sous un abri de toile ! »
Mais le projet de David n’est pas le projet de Dieu :
Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ?
C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau,
pour que tu sois le chef de mon peuple Israël. […]
Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison.
Quand tes jours seront accomplis et que tu reposeras auprès de tes pères,
je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi,
C’est Dieu l’Architecte, le Maître d’œuvre, "Si le Seigneur ne bâtit la maison, c'est en vain que travaille le maçon" dit le psaume... C’est lui qui assure à David un avenir et une
descendance !
Nous sommes entrés dans les jours qui nous préparent aux fêtes de la Nativité. Dans nos églises, dans nos maisons, nous avons disposé les crèches de Noël. Ce n’est pas dans un palais royal, ni
dans un temple, que vient naître le Fils de Dieu. Clin d’œil, ou clin d’yeux de la part de Dieu, il se donnera à voir au milieu des bergers, comme un rappel de la « case départ »
de David, dans un abri de moutons, à Bethléem. Il vient rassembler les brebis dispersées, prendre soin des agneaux. Il est le vrai roi parce qu'il est le bon pasteur. Ce n’est pas à nous de lui
bâtir une maison, c’est lui qui vient habiter parmi nous. Comme nous le chantons, « tu fais ta demeure en nous Seigneur »
Avant de naître à Bethléem, en raison des circonstances, au cours d'un recensement décidé par l’empereur, Dieu s’invite chez une jeune fille habitant un petit village de Galilée, Nazareth, inconnu jusque là dans la Bible. Et le nom de la jeune fille est Marie.
« Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ;
tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ;
le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père »
Nous savons quelle est la réponse de Marie :
« Voici la servante du Seigneur ;
que tout m’advienne selon ta parole. »
et aussi son cantique de joie et d'action de grâce :
"Il s'est penché sur son humble servante,
désormais tous les âges me diront bienheureuse..."
Notre-Dame de Châteaulin, Sainte Marie du Menez Hom, Notre-Dame des Trois Fontaines, Notre-Dame de Quilinen, Notre-Dame de Rumengol, du Folgoët, de Chartres ou de Paris… Nos anciens ont bâti des chapelles et des sanctuaires en l’honneur de Marie, jeune fille de Nazareth, afin que chacun de nos lieux soient sanctifiés par cette présence maternelle et avec elle, du Fils de Dieu ; que chacun de nos lieux suscite également en nous cette réponse de Marie, « que ta volonté soit faite », et aussi, en ces jours de Noël, « que ta volonté soit fête » !
Christian Le Borgne, curé