Il est des homélies dont on oublie le propos sitôt la messe finie, et d’autres qui demeurent inscrites dans la mémoire, en raison de la forme, du fond, ou des deux. Je me rappellerai toujours d’un commentaire sur l’Évangile du Bon Pasteur, donné par Henri Manis, prêtre alors à Quimper, originaire de Châteaulin, bien connu pour son originalité et son franc parler… « Les moutons, ça pue ! et le berger pue avec, c’est à ça qu’on le reconnait, et c’est pour ça que tout le monde s’en éloigne… ». Être un bon pasteur, c’est partager et porter l’odeur du troupeau ! Ce commentaire de Henri, je l'ai retrouvé dans une homélie du pape François lors de sa première messe chrismale comme évêque de Rome.
Ces propos me reviennent en tête en ces jours de Noël. « Il est venu chez les siens » nous dit le Prologue de Jean. Luc nous raconte que la première annonce de sa venue est adressée aux bergers qui veillaient sur leurs bêtes. Ils sont mis au parfum, pour ainsi dire ; et l’enfant couché dans une mangeoire leur apporte l’odeur de Dieu. Est-ce pour couvrir ces remugles d’étable que les mages apporteront l’encens et la myrrhe ? Comme les pèlerins de Compostelle, ils apportent les effluves de la marche et des chemins, en quête de ce roi qui vient de naître.
Le récit de Noël n’est pas un récit aseptisé ; il porte l’odeur de notre humanité que Dieu vient partager. Il s’est fait homme parmi les hommes, partageant leurs joies et leurs peines, et
aussi les odeurs du quotidien : l’odeur du bois de l’atelier de Nazareth, celui du poisson séché des rives de Capharnaüm, de la marche de la Galilée à Jérusalem, jusqu’aux aromates du matin
de Pâques, et aussi du poisson grillé sur le feu de bois. « M’aimes-tu ? Pais mes agneaux ».
Un évêque, Mgr Albert Rouet, commentait ainsi l’usage de l’huile parfumée pour le sacrement de la confirmation : « On parle souvent de mourir en odeur de sainteté ; je voudrais que l’on invite davantage à vivre en odeur de sainteté ; on a une religion qui sent la sueur, on veut toujours en faire plus et davantage, alors qu’il s’agit moins de faire que d’être ! ». Ou encore le Cardinal Etchegaray au cours du Congrès eucharistique de Lourdes : « Je rêve d’une Eglise qui cultive davantage la lavande que le détergent… »
Ces jours de Noël nous sont proposés pour respirer le bon air du bon Dieu, le parfum de sa bonté, de son amour pour les femmes, les enfants, les hommes que nous sommes.
Joyeux Noël à chacune, chacun de vous ! Que ces jours de Noël nous donnent de partager les bonnes odeurs de l'Evangile...
Christian Le Borgne, curé