Les informations et images nous provenant des Etats-Unis, mercredi dernier, nous ont profondément choqués. Il ne s’agissait pas d’un film comme les studios d’Hollywood savent nous en produire, mais bien d’une irruption de violence, déni de la démocratie et du droit. Cela est d’autant plus inquiétant que ces événements résultent d’un langage fait de mensonges et d’affirmations émanant du plus haut représentant de cette nation.
Nous savons que nos démocraties sont fragiles. Elles reposent sur la libre conscience éclairée des citoyens, et aussi sur l’acceptation par tous des décisions prises selon les constitutions et processus qui légitiment l’autorité.
Ce qui s’est passé a Washington met le doigt sur le non respect de ces présupposés. La libre conscience de beaucoup est viciée par certains réseaux d’information, ou prétendus tels, qui loin de susciter la réflexion, sont le support de mensonges, de rumeurs, d’affirmations fallacieuses et de supposés complots.
Au début de son mandat présidentiel, Donald Trump et ses portes paroles ne qualifiaient-ils pas déjà ses mensonges de « vérités alternatives » ?
Nous pourrions nous dire que cela ne peut exister chez nous. Nous n’en savons rien, de ce que nous connaîtrons nous même, ni ce à quoi seront confrontées les générations à venir. Notre devoir est de demeurer vigilants, acteurs de ce monde, et notamment dans l’usage des moyens de communication ou concernant le respect des processus de décision.
Il est tellement facile de produire des réflexes égoïstes de repli et de protection, particulièrement quand les situations sociales sont fragiles. Comme le dit le Pape François dans un entretient avec le quotidien italien La stampa du 9 août dernier. « Je suis préoccupé parce qu’on entend des discours qui ressemblent à ceux d’Hitler en 1934. 'Nous d’abord. Nous... Nous...' Ce sont des pensés qui font peur. (...) Le souverainisme est une exagération qui finit toujours mal; elle mène à la guerre. Le populisme, c’est le même discours. »
Il est facile d’user des moyens de communications, mais si difficile de le faire de manière juste et responsable, y compris au sein de l’Eglise. Des formateurs de l’Eglise de France ont analysé comment, au lieu d’être un vecteur de recherche, de confrontation, des réseaux se forment, confortant un seul point de vue, excluant tout débat. Tel le militant communiste d’hier qui n’avait comme seule lecture que l’Humanité, tout autre organe de presse étant supposé outil du grand capital, il est un usage d’internet qui conforte la recherche de mon seul point de vue, amplifié par la seule contribution de ceux qui partagent mes options. Est-ce ainsi que l’on peut se forger une conscience libre et éclairée ? Fruits de cette analyse, l’Eglise de France nous propose des outils de réflexion, pour nous aider à apprivoiser ce vaste chantier de la communication, tel le document « L'Eglise et internet - Église catholique en France », ou encore, à destination des familles, mais aussi des éducateurs de jeunes, 12-questions-a-se-poser-sur-les-reseaux-sociaux/
Ce dimanche, nous célébrons le Baptême du Seigneur. Librement il descend dans les eaux du Jourdain, manifestant ainsi sa plongée pleine et radicale dans notre humanité. Non pas une humanité sélective, mais l’entrée dans une mission pour le salut de tous. Lorsque nous célébrons le baptême chrétien, nous inscrivons un nouveau baptisé dans cette mission du Christ, dans une dynamique de la connaissance de la Parole de Dieu, chemin de vérité et vie, en plein cœur d’une vie d’homme ou de femme.
Face à un Pilate dubitatif, « Qu’est-ce que la vérité ? » Jésus n’impose ni force ni violence. « Si j’étais roi, j’aurais des gardes… » Victime d’un complot, il avance en homme libre, et c’est en cela qu’il est vainqueur du mensonge et de la violence. Il nous invite à sa suite sur ce chemin de liberté, d’amour, de vérité et de vie.
Christian Le Borgne, curé