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Un évangile en 3 D

Le récit de ce dimanche nous relate de quelle manière Jésus annonce l’Évangile. A sa manière, Marc nous présente une "journée type" de Jésus, comme le ferait un journaliste. Un récit en "3 D", c'est à dire qu'il prend en compte trois dimensions, celle du temps, celle des lieux, celle des relations (Quand ? Où ? Avec qui ?).

- Dimension du temps : Nous l'avons entendu dimanche dernier, dans le passage précédent : "Aussitôt le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue" ; Le récit se poursuit ce dimanche : "Aussitôt sortis de la synagogue... Le soir venu, après le coucher du soleil (il n'y a pas alors de couvre feu !)... Le lendemain, bien avant l'aube..."

- Dimension de l'espace : les lieux où Jésus intervient sont tout d'abord la synagogue, puis la maison de Pierre, puis la porte de la maison où se presse la ville entière, puis un endroit désert, puis l'invitation à partir pour les villages voisins et enfin la Galilée toute entière... Le pape François n'invente rien quand il nous dit de quitter le centre pour les périphéries ! 

- Dimension des relations : du milieu des juifs pieux, la synagogue, puis l'intimité familiale de Simon, et notamment la belle-mère de ce dernier, puis les malades de toute la ville qu'on lui amène, et s'en aller à la rencontre de la Galilée, qualifiée en d'autres passages de la Bible de "carrefour des nations", le cercle des rencontres, comme le cercle de la géographie, ne cesse de s'élargir. Et dans ce cercle toujours plus large, il provoque les disciples : "Allons ailleurs"  Mais on peut noter qu'une relation est essentielle au cœur de ces relations, celle de l'intimité avec son Père. "Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et  là, il priait".

 

C'est dans cette chronologie, ce cadre, ces relations, que nous sont mentionnées les activités du Christ. A la synagogue, il enseigne, puis il guérit les malades et chasse les esprits mauvais. Enfin, il prie. Marc, dans le dernier verset de notre lecture dominicale, résume cette activité en une phrase "Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l'Evangile dans leurs synagogues et expulsant les démons".

 

Comme dimanche dernier, nous est mentionnée cette expulsion des démons. Nous sommes un peu mal à l'aise, avouons-le, vis à vis de cette réalité du mal. Sans doute avons nous à assumer une exagération dans des enseignements pas si anciens que cela, ou la place du mal et du "diable" était plus conséquente que celle de la grâce et de la miséricorde !

La science, et particulièrement la psychanalyse, nous permet de faire la part des choses entre maladie et forces du mal ! Un auteur comme Françoise Dolto, (L'Evangile au risque de la psychanalyse) nous donne de comprendre comment la personne de Jésus intervient dans nos guérisons les plus intérieures. Toute forme de maladie n'est pas nécessairement le fruit du malin, même si théologiquement, la mort est le fruit du péché ! Ceci dit, en toute maladie, il y a de la place pour le "tentateur-Satan". "Où est-il ton Dieu ?". Le récit de Job nous en donne écho. Il y a de la place pour le "diviseur-Diable", celui qui vient pervertir les relations entre les personnes, et même insidieusement, établir le mépris de la personne vis à vis d'elle même. Jésus comme guérisseur vient rétablir la personne malade dans des relations humaines saines. La belle-mère de Simon est rétablie dans son rôle de maîtresse de maison !

 

L’activité de Jésus auprès des malades n'est pas une activité annexe, ni même une méthode promotionnelle pour faire entendre son Evangile. La guérison des malades est annonce en elle même de l'Evangile, réalisation concrète du Royaume, manifestation de la miséricorde de Dieu.

La présence de l'Eglise auprès des personnes malades, âgées, handicapées, est participation à cette oeuvre évangélisatrice. A la manière du Christ, telle que Marc nous la relate, dans le temps, dans les lieux, dans les multiples relations, la Pastorale de la Santé reçoit cette mission de la part de l'Eglise.

Cette attention aux personnes fragiles incombe également à tout chrétien. L’attention aux personnes malades ou fragiles est, depuis Jésus-Christ, le signe majeur de la Bonne Nouvelle et de la venue du Royaume. Difficile pour une communauté qui ne se soucierait pas de ses membres fragiles de s’affirmer chrétienne. (Présentation de la Pastorale de la santé)

 

Grand merci à celles et ceux qui accomplissent cette mission, particulièrement en cette période difficile de confinement, auprès des personnes âgées.

Dans notre paroisse Sainte Anne, Claude Rault, diacre, avait reçu la mission de coordonner le Service Évangélique des Malades. Appelé au service diocésain, il passe le relais. François Le Saux a accepté cette mission, et l'exerce depuis la rentrée dernière. Ce dimanche, à  Châteaulin, en ce dimanche de la Santé, cette reconnaissance se fera de manière officielle.

Un autre geste est proposé dans chaque assemblée. Habituellement, les personnes qui portent la communion aux absents, présentent une custode au moment où elles viennent communier. Nous les inviterons ce dimanche, à se déplacer et venir recevoir le Pain eucharistique au moment de la fraction du Pain. Ainsi la parole du célébrant, "Heureux les invités au repas du Seigneur", est adressée manifestement, non seulement à l'assemblée réunie, mais aussi à tous ceux qui n'ont pu la rejoindre en raison de l'âge avancé ou de la santé défaillante.

 

Christian Le Borgne, curé