Dans les informations paroissiales, vous trouverez les indications de lieux et de dates des diverses célébrations pénitentielles au terme de ce temps de carême. Les horaires ont voulu privilégier la présence des enfants, qui, pour la première fois, vont célébrer le sacrement du pardon. Ceci était une orientation diocésaine de favoriser cette première démarche dans le cadre d'une assemblée paroissiale, d'une célébration "communautaire".
Les débats s'apaisent à propos de la manière de vivre le sacrement du pardon, mais ils n'ont pas disparus ; d'un côté, ceux qui rappellent la discipline de l'Eglise, la nécessité de "se
confesser", de l'autre, ceux qui ne connaissent de ce sacrement que la forme favorisée dans notre diocèse dans les années 1970, à savoir les absolutions "collectives"... Dialogue de sourds
en perspective, car l'une comme l'autre dénomination, "confession/individuelle" ou "absolution/collective" n'indique qu'un des éléments constitutifs de ce sacrement, à savoir l'aveu,
d'une part, la parole sacramentelle d'autre part, tout comme la vie chrétienne, et la conversion qui lui est liée, est à la fois un engagement "personnel", et non "individuel" ou "privé", et en
engagement en Eglise, communautaire, et non "collectif" !
Ce qui m'agace profondément, dans ce débat, et plus encore dans la réalité des démarches personnelles lors de l'accueil des pénitents, à l'occasion des "confessions" c'est le constat que le
renouveau liturgique voulu par le concile n'a pas été reçu, compris. On sait bien que l'on ne dit plus la messe "comme avant", c'est à dire en latin, etc... Mais on continue à se confesser
"comme avant" ! et ce qui m'agace encore plus, c'est le fait que ceux qui devraient promouvoir le rituel
validé par l'Eglise continuent à enseigner une démarche "comme avant", certains diraient "comme on a toujours fait".
Une simple relecture de l'histoire nous enseigne que l'on à toujours du iinnové depuis les origines de l'Eglise. Comme aime à le rappeler Job an Irien, on a la trace historique
d'absolutions communautaires dans la cathédrale de St Pol de Léon au 16ème siècle !
Plus largement, la mise en place d'un processus de célébration de la Pénitence dans l'Eglise est un long processus objet de vives controverses, scellées au concile de Trente (16ème, mise en
oeuvre en France au 17ème). La réalité pastorale à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui, et particulièrement la difficulté de présence des prêtres disponibles, nous oblige à adapter
les formes, mais aussi à revenir à une plus juste compréhension et mise en oeuvre.
Vidant les tiroirs de la sacristie de St Ségal, j'ai retrouvé une revue de 1960, destinée aux enfants de choeur. Dans cette revue, un article intitulé "Mea culpa", exhortant à un véritable examen de conscience :
Le pauvre Jeannot est confronté à un impératif, faire son "examen de conscience", et il a envie d'être sincère ! Quelle est l'épine à ôter ? Et j'ai encore trouvé récemment, dans une église de notre diocèse, des feuillets "examen de conscience", faisant le catalogue de tout ce qui peut nourrir nos reconnaissances de culpabilité ! Et chacune des épines que Jeannot va trouver à extirper, sera autant d'épine piquée au front divin du Christ... J'avoue être très mal à l'aise à la lecture de ce discours culpabilisateur et doloriste !
Ce qui est requis en toute démarche sacramentelle, c'est l'accueil de la Miséricorde de Dieu, de sa bonté. Le lieu premier pour nourrir cet accueil, c'est l'écoute priante de sa Parole. Or dans
le récit de Jeannot, comme dans la démarche de pratiquement tous les pénitents que j'accueille, quelques uns ici à Châteaulin, bien plus quand j'assurais l'accueil des pénitents à Saint Sulpice
de Paris ou à Saint Louis de Brest, rarement, trop rarement un écho de l'Evangile, entendu, médité, prié. Non comme source de condamnation, mais comme appel à la vie ! Comme le disait le cardinal
Etchégaray à Lourdes, en 1981, l'Eglise a moins besoin de détergent que de lavande !
Dans les célébrations communautaires, normalement, une place importante est accordée à cette proclamation, à l'écoute de cette Parole, non pour culpabiliser, mais pour libérer !
"Ecouter la parole de Dieu qui annonce la réconciliation en même temps qu'elle invite à la conversion, à la pénitence. Par l'écoute de la Parole, naît et se développe la contrition dont
dépend la vérité de la pénitence." (rituel "Célébrer la pénitence et la réconciliation, §16). La démarche personnelle suppose cet accueil premier de la Parole
Je vous ai mis en ligne les indications pastorales pour vivre ce sacrement, ainsi qu'une chronique
pleine d'humour d'un prêtre québécois. Quand Jeannot, voit ses péchés comme des "épines" dans la couronne du Christ, ce prêtre parle de "cures dents" qui nous
blessent et qu'il nous faut "carocher", jeter au soleil, au feu de l'amour de Dieu.
Concrètement, dans notre paroisse, nous renouvellerons au cours des célébrations communautaires, la démarche telle que nous l'avons proposée lors des années passées.
Dans cette démarche en assemblée, où nous méditerons l'évangile de l'Aveugle né, proclamé ce dimanche à Sainte Anne en raison des démarches catéchuménales, nous nous reconnaîtrons, ensemble,
pécheurs et pardonnés. Chacun sera invité à se présenter à l'un des prêtres présents, à formuler une brève forme de demande de pardon, "Père, je me reconnais pécheur, et je te demande
pardon", et recevra la parole d'absolution. Puis, ensemble nous pourrons rendre grâce à Dieu, envoyés, missionnés comme témoins et acteurs du pardon de Dieu.
Pour celles et ceux qui veulent vivre une rencontre personnelle avec un dialogue plus conséquent, un temps d'accueil est programmé chaque semaine à St Idunet, le jeudi ; et il est toujours
possible de prendre rendez-vous avec un prêtre.
"Confiance ! Selon la tradition de l’Église, les enseignements du Rituel de la pénitence et, tout récemment encore, cette homélie du pape, le Seigneur ne laisse jamais démunis ceux qui le cherchent et veulent s’approcher de lui pour mener « une vie de plus en plus fidèle » (prière d’ouverture du premier dimanche de carême). « Fais nous revenir à toi Seigneur ! » A nous de prendre les différents chemins qu’il met à notre disposition pour l’approcher !" (SNPSL)
Christian Le Borgne, curé