Les disciples d'Emmaüs - Chapelle St Sébastien, Saint Ségal
« Voici déjà le troisième jour qui passe… ». Le récit des « disciples d’Emmaüs » situe la rencontre avec le Ressuscité au soir du « troisième jour ». Ce n’est pas un détail, la mention du troisième jour est au cœur de la foi des chrétiens.
« Détruisez ce temple, en trois jours je le releverai » annonçait Jésus. « Et resurrexit tertia die », « ressucité le troisième jour », dit le credo…
Cette chronologie du troisième jour va bien au delà d’un calendrier. Elle inscrit le mystère de la mort et de la résurrection du Christ dans l’accomplissement des Ecritures. Lorsque Abraham se met en route pour immoler son fils Isaac, ce n’est que le troisième jour qu’il arrive au lieu du sacrifice (Gn 22,4). Chez le prophète Osée, nous avons cet oracle « au bout de deux jours il nous aura rendu la vie, au troisième jour il nous aura relevés… ». Selon un commentaire rabbinique, le « troisième jour » est la désignation symbolique du jour où Dieu « fera revivre les morts. » De fait, un texte du Midrash Rabba sur Gn 22,4 a collectionné tous les passages de l’Écriture où le « troisième jour » est mentionné. C’est toujours un jour où se produisent les œuvres bénéfiques de Dieu. La dernière aura lieu au « jour de la vivification des morts », conformément au texte d’Os 6,2, appliqué à la résurrection générale : alors « Dieu nous ressuscitera. » écrit le Père Grelot.
La résurrection du Christ nous inscrit à la fois dans cette assurance que la victoire sur la mort est acquise en lui, Jésus le Christ, et en même temps, que nous sommes dans l’espérance de sa réalisation. Après le temps de l’épreuve, de la violence et de la mort, le premier jour, celui du grand silence, le second jour, vient le troisième jour, celui de la manifestation de l’amour du Père, de la victoire du Fils, du don de l’Esprit consolateur.
Les disciples d’Emmaüs sont dans la nuit au soir tombant de ce troisième jour. C’est dans cette pénombre que le Christ les rejoint. Avec eux, il partage la marche, la Parole, le pain. Alors leurs
yeux s’ouvrent, ils le reconnaissent, et tout joyeux s’en reviennent à Jérusalem annoncer la joie de la résurrection.
Cette rencontre dans la foi suscite en nous une joie profonde. Malgré les difficultés de ce temps, les souffrances et deuils des uns et des autres, nous savons que viendra aussi pour nous ce troisième jour. Au cœur de ce monde, soyons les témoins joyeux de cette espérance.
Joyeuses Pâques !
Christian Le Borgne, curé