« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron."
Mis à part le beau plant de vigne qui orne
l'aumônerie des lycées, place du champ de foire à Châteaulin, je ne connais pas beaucoup de plants de vigne par ici. Mais qui de nous n'a pas vu les magnifiques vignobles du Pays de Loire ou du
Bordelais, de Bourgogne, des Côtes du Rhône ou d'Alsace ? Avec des noms plus catholiques les uns que les autres : Dom Pérignon, Châteauneuf du Pape, Saint Emilion, Saint Estèphe... Ces
grands crus font la fierté de notre pays, et de ceux qui les apprécient !
Il en va de même dans la Bible. Comme nous l'avons entendu au cours de l'automne dernier, l'image de la vigne est souvent utilisée par les prophètes et par le Christ lui même pour qualifier le
projet de Dieu et le peuple d'Israël lui même. Paraboles des ouvriers de la onzième heure, des fils envoyés à la vigne, des vignerons homicides, faisant écho au psaume 79 (80) "La vigne que
tu as prise à l'Egypte, tu la replantes en chassant les nations. Tu déblaies le sol devant elle, tu l'enracines pour qu'elle emplisse le pays." "Je chanterai pour mon ami le chant du bien aimé à
sa vigne", chante le prophète Isaïe, au chapitre 5.
A la différence des paraboles de Matthieu, Marc ou Luc, l'évangile de Jean identifie la vigne non plus à la terre de Dieu, à son peuple, son pays, mais à son Fils lui même. Nous en sommes le
fruit. "Je suis la vraie vigne, mon Père est le vigneron", puis " Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments."
Lorsque le Christ nous dit, comme dimanche dernier, "Je suis le Bon Pasteur", nous savons bien qu'il y a une différence très importante entre le pasteur et les brebis, même si l'intimité est très
grande. Dans l'image de la vigne, cette différence est gommée. Le sarment et la vigne ne font qu'un. Comme il y a une différence entre le berger et les brebis, demeure une différence entre
le vigneron et la vigne, mais lorsque Jésus dit "Je suis", il se donne le nom de Dieu en hébreu "YHWH". Sarment, nous faisons corps avec le Christ, et par lui, nous nous laissons émonder par Dieu
lui-même.
"Emonder", ça veut dire quoi ? Si nous ne sommes pas familiers du travail de la vigne, nous voyons bien quelle est l'importance de "tailler" les arbres fruitiers, les rosiers, ou même les
"gourmands" sur les plans de tomate. Même les meilleures pousses produisent des excroissances, car des plants morts, il n'y a plus rien à attendre ! C'est l'art du jardinier que de savoir manier
le sécateur, savoir quelle est la branche qu'il faut couper, au delà de quel bourgeon, afin que l'arbre donne, non du bois, mais des fruits.
Emonder nos mondanités, nos vieilles habitudes inadaptées, nos bois morts, tel est le programme que nous donne le Christ. Il ne s'agit pas de générer une secte de "purs", on sait bien que cela
dégénère toujours dans l'hypocrisie et le scandale, mais d'accepter que le Seigneur vienne dans nos vies, et aussi dans notre manière de vivre en Eglise. Il procède à des coupes
régulières, selon les temps et les saisons, afin que son oeuvre soit manifestée. "La gloire de mon Père est que vous portiez du fruit, et du fruit en abondance".
Quelle belle image que ce plant de vigne sur notre aumônerie !
Christian Le Borgne, curé