Dimanche, nous aurons la joie de vivre l’ordination presbytérale de Laurent Daniellou à la cathédrale de Quimper. Un nouveau prêtre est donné au diocèse de Quimper-et-Léon, réjouissons-nous ! Réjouissons-nous, parce que le Seigneur appelle encore et toujours, et que son appel est entendu.
On entend régulièrement qu’il faut être très courageux ou complètement fou pour faire ce choix de devenir prêtre aujourd’hui. De se donner à cette Eglise qui peut sembler en pleine tempête, prise au cœur d’un ouragan qui paraît la dépasser, l’affaiblir, l’appauvrir ; à cette Eglise souvent maltraitée dans les médias, à plus ou moins juste titre. L’Evangile de dimanche évoque la tempête se jetant sur la barque, image traditionnelle de l’Eglise, qui commence sombrer. On pourrait croire que jamais cette image n’a été aussi vraie qu’aujourd’hui. Mais à chaque époque l’Eglise n’a-t-elle pas traversé son lot d’épreuves, qu’elles soient externes comme lors des persécutions, ou plus internes telle la crise de la papauté à Avignon?
Face à ces crises, rappelons-nous comme les apôtres au sujet du Christ que « même le vent et la mer lui obéissent », souvenons avec Job que le Seigneur a « retenu la mer avec des portes », ou avec le psalmiste qu’il peut nous tirer de la détresse, « réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues ». De plus, puisque c’est Dieu qui « commande aux tempêtes », toujours selon le psaume, n’est-ce pas aussi que celles-ci peuvent conduire à quelque chose de bon ? Je ne sous-entends certainement pas que ces épreuves sont bonnes en elles-mêmes, mais peut-être nous invitent-elles à grandir individuellement et collectivement.
Est-ce alors une question de courage ou de folie que d’accepter de donner sa vie pour le Christ ? Ou une question de foi, de confiance absolue en Dieu, qui vient permettre de surmonter toutes les peurs ? Il s’agirait alors pour chacun de répondre avec foi à l’appel à la sainteté et au bonheur, appel qui se traduit personnellement pour chacun.
Au final, ce que le Christ attend de chacun, c’est de cultiver et entretenir cette foi. Cette foi qui peut amener certains et certaines à répondre positivement à un appel mystérieux, dont personne n’est maître, dans une vie consacrée. Cette même foi qui pousse les fiancés à accepter dans le mariage de se donner pour la vie l’un à l’autre, sans savoir de quoi demain sera fait (mais en sachant ce qu’ils veulent en faire). Cette foi aussi qui soutient ceux qui vivent douloureusement leur solitude. Cette foi qui permet de voir au-delà de l’épreuve actuelle en anticipant la joie future. Cette foi, enfin, qui pousse ainsi certains, tel Laurent, à répondre à l’appel de Dieu dans le presbytérat à l’issue d’un temps de formation et de discernement au séminaire.
Pour ma part, cela va faire bientôt deux ans que je suis au séminaire et en insertion sur la paroisse sainte Anne-Châteaulin au rythme de deux weekends par mois. Malgré les aléas liés au contexte sanitaire, ces allers-retours en paroisse ont été et sont encore fondamentaux dans mon cheminement. Ils permettent de quitter une vision purement théorique voire idéaliste de la vie en paroisse, du ministère de prêtre et de son quotidien, en la confrontant avec la réalité. Il s’agit de ne pas orienter sa vie en fonction d’une idée faussée du prêtre.
Je rends grâce à Dieu de ces deux années passées en votre compagnie. Je rends grâce de la confiance qui m’a été accordée – notamment par les parents des jeunes que j’ai pu accompagner vers la confirmation ou le baptême – au cours de ce temps. Je rends grâce pour les multiples rencontres et échanges effectués, à l’issue de la messe, entre deux portes dans le presbytère, ou autour d’un café, d’une crêpe, d’un repas. Je rends grâce pour la dimension fraternelle que j’ai pu expérimenter dans la paroisse, avec l’équipe de prêtres, les diacres, les religieux et religieuses, les laïcs salariés ou bénévoles, les paroissiens réguliers ou de passage. Chacun à sa manière contribue à me faire avancer dans mon discernement et ma formation.
Cette première insertion paroissiale à Sainte Anne Châteaulin s’achève pour moi, mais ma formation continue : je serai ainsi envoyé dans une autre paroisse du diocèse à la rentrée prochaine, pour me faire découvrir une réalité différente au sein d’une nouvelle équipe, dans la continuité de mon cheminement.
Encore un grand merci pour l’accueil que vous m’avez réservé.
Bennoz Doue !
Nicolas Poulain