Illustrations : Docete et Kees de Kort, 1968
Bartimée - Collection : Ce que nous dit la Bible
Jésus quitte la ville de Jéricho. Il marche vers Jérusalem.
La foule et les disciples le suivent.
Au bord de la route, un mendiant. Devenu aveugle, son handicap le réduit à la mendicité. Sa place est là, à la porte de la ville, au bord de la route, aux marges de la vie sociale.
Apprenant que c'est Jésus qui passe, il crie ; mais la foule veut le faire taire !
Nous le connaissons bien ce récit, et pourtant ...
Nous savons que l'aveugle recouvre la vue, mais :
- Avons nous remarqué ? Jésus demande à ceux-là même qui retiennent les cris de Bartimée, à ceux qui veulent le murer dans le silence, c'est à ceux-là que Jésus demande de l'appeler. "Courage, Lève toi, il t'appelle ". Seconde guérison.
- Avons nous remarqué également que Jésus fait bien plus que d'ouvrir les yeux de Bartimée ? Celui qui mendiait dans le fossé le suit maintenant sur la route. "Va, ta foi t'a sauvé". C'est le signe de la guérison accomplie, menée à sa pleine réalisation.
Ce passage clôt tout un enseignement de l'évangéliste Marc sur la manière d'être disciple. Cet enseignement, du chapitre 8 à la fin de ce chapitre 10, nous
l’avons entendu au cours de ces derniers dimanches, rappelons-nous :
- Pierre voulait faire obstacle au projet de Jésus, celui de monter à Jérusalem pour y souffrir la Passion. « Passe derrière moi ! » (24ème dimanche B)
Bartimée, nous dit St Marc suivait Jésus sur le chemin (Mc 10,52)… Ouvrez votre évangile : au verset qui suit, Jésus approche de Jérusalem, il y entre solennellement selon le récit
proclamé le dimanche des Rameaux.
- Les disciples se disputent pour savoir qui est le plus grand. Ils font obstacle quand des mamans présentent des enfants à
Jésus. (25ème et 27ème dimanche B). Ils sont dans une logique d'exclusion, (Quelqu'un chassait les esprits en ton nom, nous avons voulu l'en
empêcher") ; leurs yeux sont mauvais "Si ton œil t'entraine au péché..." (26ème dimanche)
Ici encore, ils rabrouent l’aveugle pour qu'il se taise, mais, sur demande du Christ, adressent au mendiant cette invitation : « courage, lève toi, il t’appelle… ». Bartimée retrouve la vue, il est intégré au groupe des disciples.
Jacques et Jean demandent de siéger auprès du Christ dans la gloire (29ème dimanche B). Jésus leur pose la question « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? », de même il interroge Bartimée, « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Bartimée ne demande pas la première place , de siéger auprès du "Fils de David", mais simplement de retrouver la vue. Avec foi : "Seigneur aie pitié de moi", en grec, les mots même de la liturgie « Kyrie eleison ».
L'homme riche s'en va tout triste parce qu'il a de grands biens ... (28ème dimanche B)
Bartimée ne craint pas pour ses richesses ... Son manteau, son seul bien, sa seule couverture sociale, pour ainsi dire, il le rejette, pour, d'un bond, rejoindre Jésus !
« Va, ta foi t’a sauvé ! »
Bartimée est le visage du vrai disciple qui dans la plus grande confiance suit Jésus sur cette route qui le mène à Jérusalem.
Voir, croire, suivre, tels sont les verbes qui définissent le vrai disciple.
Vous vous rappelez ce slogan de la sécurité routière "la vue, c'est la vie", et bien, l'on peut dire que l'évangile de Jean est en écho de ce passage de Marc, quand Jésus nous dit "Je
suis le chemin, la vérité, la vie".
Ouvre mes yeux
Seigneur …
Fais que j'entende Seigneur, tous mes frères qui crient vers toi…
Fais que je marche Seigneur, je veux te suivre jusqu'à la croix…
Garde ma foi Seigneur…
Dans ce cantique, de Michel Scouarnec, nous sommes tout autant l’aveugle devenu mendiant de la lumière, que les disciples sourds à ses appels.
« Courage, lève toi, il t’appelle »
C'est à nous que s’adresse l’invitation du Christ, et c'est nous qui avons pour mission de la transmettre. L'expression "disciple missionnaire" exprime le double aspect de
cette appel.
Nous sommes invités à suivre le Christ en disciples, avec foi. Il nous adresse une question « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Selon la réponse que nous formulons, il
nous dit, où pas « va, ta foi t’a sauvé »
Christian Le Borgne, curé
PS : J'exprime au terme de ce billet, toute ma reconnaissance à Michel Berder, prêtre de ce diocèse et bibliste reconnu, qui m'a donné de découvrir toute la richesse et la profondeur de ce récit.