"Préparez le chemin du
Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les chemins rocailleux seront aplanis..."
Jean le Précurseur reprends dans sa prédication l'oracle du prophète Isaïe.
Alors ses auditeurs l'interrogent :
"Que devons-nous faire ?"
On pourrait s'attendre à des indications très ambitieuses, exigeant beaucoup de force et de courage ! Un travail titanesque, voir de forçats, tels les bagnards qui ont creusé le canal de Nantes à Brest, travail dont nous bénéficions dans nos promenades le long de l'Aulne...
Et bien non, pas de "mission impossible", rien qui puisse nous faire dire que ce n'est plus de notre âge, que nous n'en avons plus la force, ni les moyens ! Pas
question non plus de trouver l'occasion de se prévaloir de nos capacités et de mérites "C'est moi qui... Sans moi rien ne se ferait..."
Que prescrit Jean Baptiste ? Ces gestes simples de solidarité, comme le permettent tant d'associations humanitaires, chrétiennes ou non, tel le partage de vêtements et de nourriture, selon les moyens de chacun.
« Celui qui a deux vêtements,
qu’il partage avec celui qui n’en a pas ;
et celui qui a de quoi manger,
qu’il fasse de même ! »
Et puis, chacun peut contribuer, selon son état, y compris dans les situations considérées alors comme méprisables. mêmes les soldats d'occupation et les percepteurs corrompus sont invités à verser leur part. Non par une générosité de compensation, mais en respectant le droit et la justice, comme tout un chacun, et rien de plus !
Même les personnes agées en situation de dépendance, comme celles que nous visitons dans les EHPAD reçoivent cette invitation, et avec le sourire. J'en ai été encore le témoin heureux aujourd'hui. Comme le dit St Paul dans sa lettre au Philippiens :
"Soyez dans la joie, laissez moi vous le redire, soyez dans la joie ! Ne soyez inquiets de rien..."
Pour comprendre cette invitation de Paul, il nous faut l'entendre en écho au discours des Béatitudes : HEUREUX les pauvres, les doux, les miséricordieux, les artisans de paix...
Cette invitation à la joie est une constante de notre pape François : "La joie de l'Evangile", "La joie de l'amour", "Laudato si', ou encore, toujours en écho aux béatitudes "Soyez dans la joie et l'allégresse" (exhortation apostolique "Gaudete et exsultate".
Maintenant que nous sommes habitués aux enseignements du pape François, nous savons bien ce que signifie son appel à la joie.
"Le Seigneur demande tout ; et ce qu'il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés."
Ce discours n'est pas au diapason des discours de ce monde, nous le savons bien. Les appels qui nous sont adressés par le Mouvement Pax Christi, en ce dimanche qui lui est dédié, et au terme de la semaine de la paix, ne sont pas non plus au diapason des discours du moment, dans les débats et invectives électorales...
"Pax Christi souhaite placer au cœur du débat électoral la question de la paix, oui, la paix.
La paix que nous voyons violée dans tellement de pays et régions du globe, mais qui souffre aussi chez nous, dans nos quartiers où sévissent la solitude ou le chômage, où dominent exclusion
sociale et pauvreté, où richesse et indifférence se côtoient. La culture du rebut, la globalisation de l’indifférence, le repli sur soi tant décriés par le pape François (et non seulement) et que
nous voyons insidieusement à l’œuvre dans nos propres agissements et ceux de tant de nos frères et sœurs, et aussi dans les propositions parmi lesquelles nous aurons à choisir dans 160 jours à
peine.
Alors, on fait quoi ?
Parlons de paix, faisons la paix. Comment et par qui est-elle malmenée, comment et par quoi la réparer, la rétablir, la vivre timidement puis avec assurance dans une société rendue à la
fraternité ?
Pax Christi propose donc un itinéraire en quatre étapes et une arrivée, un tour des Français plutôt qu’un tour de France, pour aller « de la sécurité vers la paix », pour sortir des
peurs qui nous tenaillent et nous font souhaiter murs et interdits, et aller vers cette société d’amitié sans laquelle il n’est pas d’avenir."
Programme ambitieux, s'il en est. Mais être chrétien aujourd'hui, se préparer à la venue du Christ, est-ce se ranger derrière les orateurs qui manipulent la peur, la défiance, le mépris, ou le langage des ouvriers de paix qui appellent au dialogue, au respect, à la réconciliation, au désarmement de toute les formes de violence ? Qu'est ce qui génère la paix et la justice, sinon le dialogue en amour et vérité ? Comme le dit le psaume "Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent ; La vérité germera de la terre, et du ciel se penchera la justice !"
Opter pour ce chemin de paix, ce chemin de justice, selon les voix de l'amour et de la vérité, voilà qui génère la joie véritable !
"Délivre-nous de tout mal, Seigneur,
et donne la paix à notre temps :
soutenus par ta miséricorde,
nous serons libérés de tout péché,
à l'abri de toute épreuve,
nous qui attendons que se réalise
cette bienheureuse espérance :
l'avènement de Jésus Christ, notre Sauveur"
(missel romain, troisième édition typique)
Christian Le Borgne, curé