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Homélie de Mgr Dognin

 

16 janvier 2022 — Année C 

2e dimanche du Temps Ordinaire 

Visite pastorale 

Église Saint-Germain — Pleyben 

 

 

Is 62, 1-5 ; Ps 95 ; 1 Co 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11

Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement

 

 

Frères et Sœurs,

 

En cette fin de visite pastorale, les textes de la Parole de Dieu viennent éclairer ce que vous pouvez vivre dans la paroisse Sainte-Anne – Châteaulin et nourrir aussi notre action de grâce pour toutes les belles réalités de l’Église dans les cinq communautés chrétiennes locales, dont j’ai pu être témoin, au moins en partie, durant ces cinq jours.

L’Évangile nous relate la participation de Jésus à des noces. Je trouve formidable de constater que Jésus n’est pas indifférent à la vie des hommes, bien au contraire. Il se rend présent à la joie de ce couple et de sa famille, comme il se rend présent au milieu de nous dans notre vie ecclésiale et dans la vie des hommes et des femmes de cette terre de Bretagne, de tous ceux qui veulent bien l’accueillir. Ce qui n’empêche pas évidemment qu’à l’image de la situation délicate des Noces de Cana, où la fête risque d’être gâchée par manque de vin, tout n’est pas rose pour autant. Ce « ils n’ont plus de vin » peut se traduire pour nous par toutes sortes de difficultés que j’aie pu aussi entendre : des fidèles qui ne viennent plus à la messe depuis la pandémie et nous ignorons s’ils vont revenir après, la difficulté à trouver des bénévoles, des prêtres moins nombreux, plus chargés, des tensions voire des conflits entre les personnes dans certains lieux, et aussi un sentiment d’impuissance pour annoncer l’Évangile dans une société qui semble ne rien attendre du Christ. Et, au milieu de tout cela, les épreuves de l’Église qui vit un temps de vérité et de purification.

 

Tout cela peut nous décourager avec la tentation de laisser tomber peu à peu la mission que le Seigneur nous a confiée d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut, et de nous replier sur nous-mêmes. Au fond, le manque de vin, c’est le manque de joie, c’est le manque de foi, le manque d’espérance, le manque de charité aussi… Saint Augustin dit que celui qui manque d’espérance ne fait que critiquer les autres et ne voit pas que c’est lui qui doit se corriger .

Dans l’Évangile de ce jour, la Vierge Marie nous dit ce que nous devons faire pour retrouver la joie des Noces et l’espérance qui en découle : « Faites tout ce qu’il vous dira. », c’est-à-dire, « Mettez-vous à l’écoute de sa Parole » ! C’est ce que font les serviteurs à Cana en mettant leur foi et leur totale confiance en Dieu. Ils font ce que Jésus leur a demandé de faire. Tout simplement. Plus que jamais, il est nécessaire de raviver notre foi et notre confiance en Dieu dans une prière fervente. Ne nous fions pas aux apparences d’une Église qui semble disparaître, car, lorsque nous regardons l’histoire de l’Église, les difficultés existaient déjà au 1er siècle, et n’ont jamais cessé depuis. C’est par la croix que Jésus sauve le monde ! Il le sauve aussi par nos croix, mais nous devons grandir dans la foi comme les serviteurs qui ont puisé l’eau pour remplir les jarres et être à même de distribuer la joie aux invités.

Vous avez certainement remarqué l’abondance des six jarres de 100 litres ; 600 litres, c’est évidemment beaucoup trop de vin pour des noces dans un petit village, mais cela exprime l’extraordinaire fécondité de la foi. Jésus agit pleinement dans les cœurs de ceux qui croient.

 

Saint Paul, dans la deuxième lecture, nous rappelle qu’avant d’être une institution humaine, l’Église est d’abord un don de Dieu, qui nous aime et qui nous manifeste sa miséricorde de mille manières, par la proclamation de sa Parole, par les sacrements, par le don de l’Esprit Saint, et aussi par la charité de ses membres qui se mettent au service des uns et des autres. Dieu sait bien que nous commettons des péchés, que nous avons des défauts, des lourdeurs, mais il nous donne l’abondance du vin nouveau de l’Esprit Saint pour nous purifier du mal et nous transformer en disciples, amis du Christ, en missionnaires de la Bonne Nouvelle. Laissons-nous conduire par son Esprit. Ne soyons pas rebelles ! Saint Paul dit : « C’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. » Il ajoute encore « à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. (…) Il distribue ses dons comme il veut, à chacun en particulier. »

 

 

J’ai pu le constater au cours de cette visite pastorale par l’engagement total des prêtres, qui sont à 100 % au service et même plus ; par l’engagement des diacres ou encore des Délégués pastoraux qui s’efforcent de motiver, de susciter des initiatives dans les Communautés Chrétiennes Locales, en plus de leurs autres engagements ; par l’engagement de centaines de bénévoles qui prennent soin de leur clocher pour le rendre accueillant ; ceux qui animent les pardons (90 dans la paroisse ! C’est considérable !) ; les guides et les assistants d’obsèques ; tous ceux qui préparent les sacrements ; les personnes qui assurent la catéchèse des jeunes et des enfants en paroisse ou dans l’Enseignement catholique ; les animateurs de Liturgie ; les communautés de religieuses et de religieux dont le témoignage, l’accueil et la présence sont si précieux au milieu de nous ; et ceux aussi qui, motivés par leur foi chrétienne, s’engagent dans la vie de nos communes, dans les associations ; et enfin tous les fidèles qui témoignent de leur foi au quotidien dans leur famille ou leur entourage.

 

 

De fait, comme le dit saint Paul, le Seigneur distribue ses dons comme il veut, à chacun en particulier. Mais, nous ne nous engageons pas individuellement. Quand saint Paul dit « à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. », il affirme deux choses.

D’abord que chacun a quelque chose à apporter aux autres à condition de le faire toujours en communion avec l’ensemble de la paroisse, en particulier avec les Délégués pastoraux, les prêtres, les diacres et les autres fidèles.

Et ensuite, de le faire « en vue du bien » et j’ajouterai du bien commun, c’est-à-dire loin de notre intérêt personnel ou dans un « esprit de clocher ».

Et ce qui motive notre engagement commun, c’est bien d’annoncer l’Évangile à tous et de permettre au plus grand nombre de rencontrer le Christ Jésus, qui est venu pour nous sauver, et nous avons besoin d’être sauvés par Lui ! J’aime beaucoup cette expression du prophète Isaïe que nous avons entendue en première lecture : « cette terre deviendra “l’épousée”. Tu seras la joie de ton Dieu. », où l’image de l’amour conjugal est appliquée à la relation entre Dieu et la Terre, c’est-à-dire son peuple, et saint Paul fera même la relation entre le Christ et l’Église, et qui peut s’appliquer aussi à nous dans cette paroisse Sainte-Anne – Châteaulin, à l’Église de cette terre-là qui manifeste à tous que Dieu nous aime et que Jésus est bien vivant au milieu de nous pour nous délivrer du mal et nous conduire sur le chemin de la vie éternelle.

Frères et Sœurs, je rends grâce avec vous à l’issue de cette visite pastorale pour ce que vous vivez déjà et dont j’ai pu être témoin. Je prie pour vous et avec vous pour que la joie des Noces du Christ remplisse vos cœurs et en dissipe les ténèbres.

Soyez toujours dans la joie de l’espérance. Amen.

 

† Laurent DOGNIN

Évêque de Quimper et Léon

 

 

 

https://www.diocese-quimper.fr/les-homelies/16-janvier-2022-annee-c-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-visite-pastorale-eglise-saint-germain-pleyben-29/