Lorsque le Seigneur se révèle à Moïse, dans l'épisode du "Buisson ardent", Moïse est un homme sans doute plein de questions et d'incompréhensions au sujet de celui que l'on nomme
"Dieu"...
Le jeune Moïse a été élevé à la cour de Pharaon, dans l'univers religieux du panthéon égyptien ; puis, jeune adulte, ayant pris connaissance et conscience de son origine hébraïque, il a du
fuir au désert en raison d'un coup de main mortel à l'encontre d'un garde égyptien.
Il est où le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, quand son peuple est en esclavage ?
Enfin, il a épousé la fille de Jéthro, prêtre du dieu de Madiane...
Finalement, dans ce monde de violence, à quelle religion, à quel dieu se fier ?
Ce récit biblique nous rejoint dans notre actualité. Les souffrances des hommes, dont nous avons écho, où dont nous sommes témoins, blessent en nous, et chez beaucoup de nos semblables, cette
confiance absolue que nous devrions accorder à Dieu.
Celles et ceux qui devraient nous encourager dans cet accueil de l'amour de Dieu, riche en miséricorde, se font trop souvent obstacle à cette révélation, et les querelles, au nom des
religions, sont objet de scandale pour les petits.
Comment comprendre le soutient du patriarche de Moscou aux démarches folles et cyniques de Poutine ? Il nous rappelle d'autres silences de nos épiscopats dans les moments douloureux de l'histoire
: face à Hitler, dans le soutient implicite à Pétain malgré ses lois antisémites, de ce silence de leurs évêques quand prêtres et séminaristes français, conscrits en Algérie, se sont
trouvés confrontés à des situations auxquelles ils n'étaient pas préparés...
Que dire de cette souffrance de tant d' enfants et de jeunes, victimes de prêtres ou religieux ? Deux articles, dans la presse locale, nous donnent écho cette semaine encore, de vies profondément
blessées, à Loctudy, à Huelgoat...
Dieu ne fait pas de discours, il ne se justifie pas, il ne justifie, ni le mal, ni la souffrance... Deux choses fortes nous sont dites de lui dans le récit de l'Exode :
- L'une, que Dieu entend le cri des petits, de ceux qui souffrent, il voit leur souffrance...
- L'autre, qu'il donne mission à ses messagers pour libérer, ouvrir un chemin de vie. Dans le récit de l'Exode, Moïse, et au moment venu, Jésus le Fils. C'est par lui, avec lui, en lui, que nous
sommes témoins de cette révélation de Dieu, et messager de son œuvre de salut.
Témoins et messagers, cela suppose une conversion permanente, une repentance si nécessaire ! Voir, avec les yeux du Christ, les blessures, les visages défaits ; entendre avec lui, les souffrances et les silences... Reconnaître le cas échéant, nos responsabilités, nos silences complices, convertir les structures et les réflexes qui génèrent de manière "systémique" les situations de violence et d'injustice, comme nous y invite le rapport de la CIASE.
En réponse à l'appel adressé par notre pape François, les évêques de France ont demandé que ce dimanche soit proposée une "journée de prière pour les victimes de violences et d'agressions sexuelles au sein de l'Eglise".
En raison de la "Marche de carême", programmée de longue date ce dimanche, nous ne pourrons, de manière particulière, sur notre paroisse, honorer cette demande. Les documents proposés par l'épiscopat peuvent aider, celles et ceux qui le souhaitent, à proposer, au cours de ce carême, qui un chemin de croix, qui un temps de prière, dans nos églises ou chapelles.
Quand tout pourrait nous décourager, comme dans la parabole du figuier de ce dimanche, où le réflexe est de se demander à quoi bon garder un arbre qui ne produit pas de fruit, le Seigneur nous invite, comme lui, à la patience, à la miséricorde et à l'action !
Du mal peut naître le bien, du fumier, la fertilité, de l'offense, le pardon, de la mort sur la croix, la résurrection et la vie...
Christian Le Borgne, curé