
Lorsque le Seigneur se révèle à Moïse, dans l'épisode du "Buisson ardent", Moïse est un homme sans doute plein de questions et d'incompréhensions au sujet de celui que l'on nomme
"Dieu"...
Le jeune Moïse a été élevé à la cour de Pharaon, dans l'univers religieux du panthéon égyptien ; puis, jeune adulte, ayant pris connaissance et conscience de son origine hébraïque, il a dû
fuir au désert en raison d'un coup de main mortel à l'encontre d'un garde égyptien.
Il est où le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, quand son peuple est en esclavage ?
Dans ce monde de violence, à quel dieu se fier ?
Ce récit biblique nous rejoint dans notre actualité. Les souffrances des hommes, dont nous avons écho, où dont nous sommes témoins, blessent en nous, et chez beaucoup de nos semblables, cette
confiance absolue que nous devrions accorder à Dieu.
Celles et ceux qui devraient nous encourager dans cet accueil de l'amour de Dieu, riche en miséricorde, se font trop souvent obstacle à cette révélation, et sont objet de scandale pour les
petits.
Que dire de cette souffrance de tant d'enfants et de jeunes, victimes de prêtres ou religieux ? La presse nous donne encore écho de vies profondément blessées, dans les établissements
scolaires, en Pyrénées-Atlantiques ou au Relecq-Kerhuon... Curé du Relecq-Kerhuon durant sept ans, j'étais bien évidemment au courant, comme tout le monde, des faits aujourd'hui reprochés. Mais
j'entendais aussi cette remarque, qui me scandalisait : "Ne dites pas de mal du Père Laé, grâce à lui j'ai pu obtenir mon BEPC pour entrer à l'arsenal"... Forme de déni de cette violence hélas,
communément acceptée !
Dieu ne fait pas de discours, il ne se justifie pas, il ne justifie, ni le mal, ni la souffrance... Deux choses fortes nous sont dites de lui dans le récit de l'Exode :
- L'une, que Dieu entend le cri des petits, de ceux qui souffrent, il voit leur souffrance...
- L'autre, qu'il donne mission à ses messagers pour libérer, ouvrir un chemin de vie. Dans le récit de l'Exode, Moïse, et au moment venu, Jésus le Fils. C'est par lui, avec lui, en lui, que nous
sommes témoins de cette révélation de Dieu, et messagers de son œuvre de salut.
Témoins et messagers, cela suppose une conversion permanente, une repentance si nécessaire ! Voir, avec les yeux du Christ, les blessures, les visages défaits ; entendre avec lui, les souffrances et les silences... Reconnaître le cas échéant, nos responsabilités, nos silences complices, convertir les structures et les réflexes qui génèrent de manière "systémique" les situations de violence et d'injustice, comme nous y invite le rapport de la CIASE.
En réponse à l'appel adressé par notre pape François, les évêques de France ont demandé que le vendredi 28 qui vient, soit proposée une Journée annuelle de mémoire et de prière pour les personnes victimes d’agressions sexuelles. .
Les documents proposés par l'épiscopat peuvent aider, celles et ceux qui le souhaitent, à proposer, au cours de ce carême, qui un chemin de croix, qui un temps de prière, dans nos églises ou
chapelles. Un chemin de croix vous est proposé ce vendredi 28 à Châteaulin.
Comme je vous l'ai annoncé, notre évêque, Mgr Dognin vient ce dimanche présider l'eucharistie, dans ce cadre, accompagné du Frère Yannick Houssay, Provincial des Frères de Ploërmel, en raison de
signalement de faits survenus à Châteaulin il y a une cinquantaine d'années.
Notre Equipe Pastorale a longuement reçu l'équipe Saint Nicolas, chargée de la mise en œuvre de la prévention au sujet des mineurs et personnes adultes vulnérables. Elle nous a présenté la charte promulguée par notre évêque, désormais disponible pour tous. Il suffit de cliquer sur le lien suivant :
Cette charte, déjà reçue par les responsables des services concernés, catéchèse, pastorale des jeunes, EHPAD, engendrent des contraintes ; accepter ces contraintes, les promouvoir, est la manière de manifester que nous nous engageons à tout faire pour que les jeunes et personnes vulnérables ne soient plus victimes d'actes de violence ou d'abus de confiance. C'est aussi manifester notre désir de conversion, face au silence, à l'omission, à la démission tant reprochés à notre Eglise.
Christian Le Borgne, curé