retable du Rosaire, Pleyben
Le Rosaire n'est pas qu'une œuvre de piété mariale, Il est également, dans l'héritage dominicain, un enseignement théologique, une catéchèse, à partir des récits évangéliques.
L'œuvre sculptée qui en découle, dans le retable du Rosaire de Pleyben, est remarquable.
Je voudrais comparer deux médaillons :
- celui de l'Annonciation qui ouvre les mystères, et le récit de l'Evangile selon St Luc,
- celui de la Pentecôte, qui, inaugure le récit des Actes des Apôtres.
Dans l'un comme dans l'autre, Marie a une place centrale, il s'agit bien de prier le Rosaire ! Mais elle est toujours dans une position d'accueil, qu'il s'agisse d'accueillir le message de
l'Ange, ou qu'il s'agisse de recevoir les flammes de l'Esprit.
Dans l'un comme dans l'autre, nous avons l'Esprit Saint, au point le plus haut du médaillon. C'est de lui qu'émane la réalisation de la promesse. D'une part, l'Incarnation, le Christ qui prend
chair de la Vierge, par l'action de l'Esprit Saint, d'autre part l'Eglise qui prend corps, Marie et disciples unis dans la prière.
Dans le médaillon de l'Annonciation, la Parole de Dieu est manifestée par son messager, l'Ange Gabriel. Dans le médaillon de la Pentecôte, à l'opposé de la diagonale si l'on superpose les deux médaillons, cette Parole est manifestée par le livre ouvert que tient l'un des douze. Désormais c'est à l'Eglise qu'est confiée ce rôle de veiller au message et de porter la Parole aux hommes.
On peut également comparer ce médaillon à celui de l'Ascension, qui le précède.
On y retrouve le groupe des apôtres, onze dans le premier, douze dans l'autre. Entre temps a eu lieu l'élection de Mathias !
Si dans le médaillon de l'Ascension, toute l'attention est attirée par l'élévation du Christ, dans celui de la Pentecôte c'est une dynamique de haut en bas qui apparait
Dans le premier se dégage comme une sensation de vide qui se crée dans le groupe des apôtres, par effet "d'aspiration", à l'inverse, dans le médaillon de la Pentecôte il y a une impression
de plénitude, voir de "trop plein"...
Nous assistons à une dynamique inversée, le Christ qui s'élève dans la nuée, puis la venue de l'Esprit Saint sur les disciples. Cette dynamique inversée épouse celles des médaillons de Pâques, de
la crucifixion à l'exaltation.
En quelques médaillons nous sont donnés les articles du credo. "Par l' Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme... Crucifié pour nous sous Ponce Pilate... Il ressuscita le troisième jour et il monta au ciel... Je crois en l'Esprit Saint, en l'Eglise, une, sainte, catholique, et apostolique..."
Les archives nous renseignent sur leurs auteurs, Jean Cevaer, maître sculpteur, de Pleyben, (1696) la peinture et la dorure par le Maître peintre Olivier Grall, de Landerneau (1736). Mais qui a
dirigé la réalisation de l'oeuvre ? Tout comme le calvaire, il avait une forte connaissance biblique et théologique !
Nous disposons, à notre portée, de catéchismes ouverts. Comme il est dit dans le récit des Actes "Chacun de nous entend proclamer les merveilles de Dieu dans sa langue maternelle". Il ne s'agit
pas seulement de mots ni de phrases, mais de tout ce qu'une culture et son expression artistique mettent en œuvre, à l'encontre d'un universalisme, rouleau compresseur du langage.
A nous d'en faire la lecture et la contemplation. Cela aussi relève de l'aide de l'Esprit Saint.
Christian Le Borgne, curé