Jésus, raconte une parabole, l'histoire d'une veuve qui n'arrive pas à obtenir gain de cause d'un juge qui n'a que faire de ses plaintes. Mais pour avoir la paix de la part de cette "torr penn", (pour qu'elle ne vienne pas sans fin me casser la tête ! ) le mauvais magistrat finit par lui rendre justice.
Dans un style, relevant davantage de l'épopée, qui n'aurait pas déplu à Victor Hugo, un autre récit nous présente Moïse intercèdant pour son peuple, tandis que celui ci combat une tribu de nomades du désert, les amalécites. Quant Moïse tenait les bras levés, les hébreux avaient l'avantage dans la bataille, mais quand Moïse, en raison de la fatigue, baissait les bras, c'étaient les ennemis qui prenaient le dessus...
Invitation à ne jamais baisser les bras, à ne jamais se décourager... dans la prière ! Comme aimait à le redire encore et encore Monseigneur Francis Barbu, dans un accent que l'on aimait à imiter, "Courage et persévérance"...
Si le juge inique se laisse plier par les demandes réitérées de la veuve, combien plus votre Père du ciel répondra à vos demandes... C'est du même langage que la formulation, "si vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus, Dieu le Père vous accordera ce qui est bon pour vous". La prière manifeste la foi, la confiance que nous accordons à Dieu ; elle ravive en nous cette confiance, quand bien même nous en viendrions à douter de lui.
Cependant la prière n'est pas une démission dans le combat. Certains dictionnaires trouvent l’expression "baisser les bras" empruntée au monde de la boxe. Le lutteur qui baisse sa garde est assuré d'être mis KO. Baisser les bras manifeste la volonté d'arrêter le combat.
Tout le contexte du récit de l'Exode se situe dans cet univers de la lutte ; Josué à la tête des hébreux, lutte dans la plaine, tandis que Moise, aidé de ses acolytes, lutte dans la prière, sur
la montagne.
C'est le même contexte de lutte dans la prière que nous retrouverons au terme de l’Évangile, quand nous voyons le Christ au jardin de Gethsémani. Mais tandis que Moïse est soutenu par Aaron et
Hour, Jésus trouve ses disciples endormis... Dieu le Père n'épargnera pas au Christ les souffrances de la Passion, mais la prière enracine son Fils dans l'espérance de la victoire, au terme de
l'épreuve. A l'heure de la victoire définitive, quand le Fils de l'Homme viendra, trouvera t'il ses disciples éveillés, fatigués certes, mais tenant bon dans l'adversité ? Trouvera t'il encore la
foi sur terre ? "Priez, pour ne pas entrer en tentation, pour ne pas succomber au désespoir..."
Beaucoup d'entre nous vivent des heures de souffrance en raison de la santé et des inquiétudes multiples. Notre Eglise est confrontée à des défis qui pourraient nous décourager. Une petite maxime, qui nous vient d'un disciple de Saint Ignace, peut être pour chacun de nous de bon conseil :
« Fie-toi à Dieu, comme si le succès des choses dépendait tout entier de Lui, et en rien de toi ; efforce-toi néanmoins d’agir en tout, comme si toi seul devais tout faire, et Dieu rien ».
En clair, on ne baisse pas les bras, on continue... et si notre entêtement est justifié, Dieu nous l'accordera !
Christian Le Borgne, curé