"Préparez le chemin du Seigneur
rendez droits ses sentiers"...
Dans le désert de Judée retentit la voix de Jean le Précurseur, Jean le Baptiste... A l'écoute de ce passage de l'Evangile de ce dimanche, je ne peux oublier l'interprétation de feu qui lui est donnée dans ce vieux film de Pasolini, "L’Évangile selon Saint Matthieu" : "Preparare la strada del Signore"
On le comprend, il s'agit moins dans l'Evangile ou dans la Bible d'entreprendre des chantiers de travaux publics, achever la quatre voies Châteaulin-Rennes, refaire l'enrobé du centre ville, ou aménager en chemin cyclable les vieux tracés de chemin de fer, tout cela c'est très bien, que de permettre aux faibles et aux petits de tenir debout sur les voies du Seigneur, chemins de justice et de paix. Comme on le reprend dans un autre chant de l'Avent, "Fais nous marcher à la lumière, sur les chemins de ton Esprit".
Dans son appel à la conversion, Jean s'en prend vigoureusement aux chefs religieux, pharisiens et sadducéens : "Engeance de vipères"... c'est à dire, fils du Satan ! En clair, vous qui devriez être les guides sur le chemin, vous êtes obstacles et objets de chute pour les enfants de Dieu. Cette parole ne manque pas d'actualité, hélas, dans les scandales de notre Eglise ni de notre monde.
Jean fait explicitement référence à la filiation d'Abraham. Nous retrouverons cette controverse entre le Christ et les gardiens de la loi, quand ceux-ci se réfèrent à Abraham comme père. Or Abraham est celui qui a fait confiance et qui a quitté son pays pour une Terre Promise. On ne peut en même temps se référer à Abraham tout reprenant le refrain "on a toujours fait ainsi"... Préparer les chemins du Seigneur, c'est oser l'aventure, se risquer sur les chemins de Dieu vers l'horizon de la promesse.
Certes, cette promesse peut nous sembler idyllique, illustrée comme par les films d'animation des studios Disney :
" Le loup habitera avec l’agneau,
le léopard se couchera près du chevreau,
le veau et le lionceau seront nourris ensemble"
L'Evangile ne nous enferme pas dans l'imaginaire de l'enfance. Jésus ne craindra pas de qualifier Hérode de "renard", quand lui le Christ a voulu rassembler les enfants de Jérusalem "comme une poule rassemble sous ses ailes ses poussins" ; de même, il envoie ses disciples "comme des agneaux au milieu des loups"... Mais Saint Hervé comme François d'Assise nous apprendront que les loups peuvent devenir dociles et obéissants comme des chiens bergers. "Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche."
En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !
De la Douphine, l'Aulne, et des rives de l'Odet jusqu'à nos rives de l'Atlantique, et sur tous les rivages de notre monde, vienne cette paix de Dieu !
Christian Le Borgne, curé