Depuis des temps immémoriaux, le solstice d’été, jour le plus long de l’année, est célébré le 21 ou 22 juin par des feux de joie : on fête la lumière et l’arrivée de l’été, cette date marquant le début d’un nouveau cycle de la nature. Mais l’Église, au Ve siècle, a placé le solstice d’été sous le signe de saint Jean-Baptiste, le 24 juin, afin de lutter contre les cultes païens du soleil. C’est pourquoi les feux ont lieu dans la nuit du 23 au 24. Les cendres des feux de la Saint-Jean préservaient les récoltes de la foudre et des orages. Et pour les amoureux, le fait de sauter par-dessus le feu garantissait que leur amour dure toute l’année. En outre, depuis 1982, c’est aussi la Fête de la musique qui, le 21 juin dans plus de 100 pays, célèbre le début de l’été.
Vous ignorez sans doute qu'il y a un lien fort entre
la fête de la Saint Jean et la fête de la musique, en dehors d'une coïncidence ou d'une concurrence de date. C'est en visitant la cathédrale Saint Jean de Lyon que
j'ai découvert l'origine de la dénomination des notes de musique sur une partition : Do/Ré/Mi/Fa, etc...
Ut queant laxis, l'hymne de la fête de Saint Jean à pour particularité d'être à l'origine de l'appellation des notes telles que nous les
connaissons:
Ut
queant laxis
Resonare fibris
Mira gestorum
famuli tuorum
Solve polluti
Labii reatum
Sancte Ioannes
Que tes serviteurs chantent d'une voix vibrante les merveilles de tes actions, absous le péché des lèvres impures de ton serviteur, Ô Saint Jean
Cliquez sur l'image suivante pour entendre une interprétation de cette hymne
Je ne pense pas que Mr Jack Lang en instituant la fête de la musique savait rendre hommage à Jean Baptiste !
Au cours de cette fête de la musique, toute personne, toute chorale est en droit de s'exprimer en tout lieu public, et c'est une bonne chose !
Ce qu'il est difficile de faire comprendre, c'est que cette liberté d'expression musicale sur la voie publique ne convient pas en toute circonstance dans nos lieux de culte, à longueur
d'année.
Beaucoup de personnes ont du mal à admettre qu'il y ait une destination des lieux de culte qui n'est pas toujours compatible avec des prestations musicales sous le seul prétexte que l'acoustique
y est de qualité.
Un collègue curé me faisait part d'une conversation entre une fiancée et le prêtre qui préparait le couple au mariage. La future mariée, orthodoxe et originaire d'Europe centrale, demandait pour
son mariage en Bretagne, la possibilité de faire entendre au cours de la célébration ,une musique qui ne convenait pas au célébrant. Bien sûr, dans ces circonstances, les arguments font
d'avantage appel à l'émotion qu'à la raison ! C'est alors que le prêtre, a eu le bons sens de poser cette question : "Vous qui êtes orthodoxe, si le mariage avait eu lieu dans votre église
d'origine, est-ce que le pope aurait donné son accord ? Bien sûr que non, c'est un lieu sacré !" répond la jeune dame...
Faudrait-il comprendre que nos églises et chapelles ne sont plus perçues comme des lieux sacrés, mais de simples lieux cérémoniels ou d'audition publique ?
L'anecdote me semble bien révélatrice !
La fête de la Saint Jean n'est plus un repère commun dans la vie de la cité, mais n'est-il pas de notre responsabilité de veiller à ce que, au cœur de la cité et de nos villages, les églises et chapelles demeurent fidèles à leur vocation, ce pourquoi les anciens les ont érigées : chanter la louange de Dieu et de ses saints.
Christian Le Borgne, curé