Ce samedi est donné dans l'église de Châteaulin le spectacle tiré du roman "Monsieur le curé fait sa crise"...
Ce n'est ni votre curé, ni la paroisse qui sont à l'initiative de ce spectacle, mais le diocèse de Quimper.
Depuis déjà plusieurs mois, une réflexion a été entreprise entre les diocèses de Quimper et celui de Saint Brieuc, au sujet du ministère des prêtres, aujourd'hui en situation de crise.
C'est dans ce cadre, à l'occasion d'une journée diocésaine de concertations avec les équipes pastorales et les responsables des services diocésains, que l'idée d'une pièce de théâtre,
faisant écho à cette crise, a été retenue.
Le roman, comme la pièce qui en est une mise en œuvre, sont une fiction. "Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existées, etc..." vous connaissez la suite. Ceci dit, comme dans toute fiction, il y a un contexte qui donne au récit sa pertinence, sur un ton humoristique.
Quel est le malaise ? De par notre ordination, nous sommes envoyés pour annoncer la Parole de Dieu, célébrer les sacrements, servir à la communion au sein de l'Eglise et servir à la proximité
avec les plus pauvres. C'est pour cela, que nous avons accepté de consacrer notre vie à la suite du Christ. Et nous constatons que ce n'est pas cela qui est attendu de nous !
Nous sommes dans une période de transitions inévitables, où nous sommes écartelés ; d'un côté, les réflexes de refus face aux changements, d'un autre, les impatiences parce que l'objectif n'est
pas encore atteint, chacun le voyant à sa manière.
Un collègue des Côtes d'Armor, s'exprime ainsi : "En étant nommé curé, j'ai l'impression d'être nommé à la tête d'un paquebot dont l'ancre est jetée et la barre verrouillée".
Un autre du Finistère : "Nous sommes parfois otages de ce cléricalisme dont nous ne voulons pas, au service de la mort d'un système à bout de souffle, alors que lorsque l'on est
père, on est au service de la vie..."
Dans ce processus de réflexion, il revenait d'abord aux prêtres eux-mêmes, de s'exprimer. Cependant, c'est en définissant les priorités que se donne l'Eglise, c'est à dire au sein d'un diocèse,
des paroisses, des services et des mouvements, que peut se définir où et comment le ministère presbytéral est souhaitable, voir indispensable, et de quelle manière. C'est la raison de cette
rencontre de ce samedi, avec en bonus, un aspect ludique. C'est dans un processus de dialogue, de réflexion, de débat, mais aussi de soutient fraternel que doit se dessiner un chemin, non dans
les rancœurs et les crispations. Le cardinal Jean-Marc Aveline nous lançait un appel au Folgoët : "Dans l'Eglise nous aurions besoin de plus de bonté. Entre laïcs,
entre prêtres, entre communautés, entre villages... ". Puisse t'il être entendu !
Christian Le Borgne, curé