Il y a trois ans, je vous faisais un commentaire sur l'évangile de ce dimanche, commentaire que vous pouvez toujours consulter. cliquer ici
Avec sa part de violence et d'inquiétude, l’actualité de cette semaine nous trouble profondément. Qu'il s'agisse du conflit généré par le Hamas à l'encontre d'Israël, ou de l'assassinat de Mr Dominique Bernard à Arras, tandis que perdure la guerre entre la Russie et l'Ukraine, nous sommes témoins d'une avalanche de violences qui nous déconcertent. Et dans ce contexte de folie, nombre d’alertes à la bombe caduques qui perturbent le bon fonctionnement de la vie collective.
En soit, cette violence à des racines dans la complexité de l'histoire et de la folie des hommes, comme peuvent s’analyser les causes de tout conflit entre peuples voisins, entre
puissances antagonistes, conflits de pouvoirs et d’intérêts.
Comment admettre que ces violences puissent trouver leur justification dans une motivation religieuse ? Quand Vladimir Poutine reçoit la bénédiction du Patriarche de Moscou, ou quand un
terroriste assassine un enseignant au cri de « Allahua akbar », c’est toujours en invoquant pour le mal le Nom du Très Haut, que Caïn tue Abel !
Bien sur, comme chrétien, comme pour tout croyant juif ou musulman, notre comportement moral, notre agir citoyen demande à être éclairé par notre conviction religieuse. Sinon, à quoi bon les encycliques et exhortations des papes, avec des accents différents certes, mais nous invitant chacun à être responsables non seulement dans notre pratique religieuse, mais également dans notre vie citoyenne. François, notamment dans le respect du à la création, Benoit XVI, (« les préoccupations au sujet de la non-violence, du développement durable, de la justice et de la paix, de la protection de notre environnement sont d’une importance vitale pour l’humanité », tout en ajoutant : « tout cela, cependant, ne peut être compris sans une profonde réflexion sur la dignité innée de toute vie humaine » - JMJ Sydney) ou Jean Paul II (rappelons nous ses voyages à travers le monde !) et leurs prédécesseurs. On peut notamment rappeler la condamnation par le pape Pie XI de l'idéologie politique de Charles Maurras, idéologie toujours promue par les disciples actuels de Mgr Marcel Lefèbvre (qui ne faisait pas de la politique mais "la bonne politique" - voir ci dessous !)...
Les tenants d'une laïcité étroite, qui reprochent à l'Église ses prises de position dans le débat citoyen, ne lui reprochent t'ils pas tout autant ses silences hier, quand il s'agissait de condamner, par exemple les exactions du nazisme, notamment la shoah ?
Mais jamais, au nom d'une conviction religieuse, une communauté croyante ne saurait imposer un modèle politique selon lequel une compréhension de la révélation dicterait de manière arbitraire ou par la violence une législation, un modèle économique, une organisation politique, théocratique ou non.
"Ceux qui se réclament de Dieu pour justifier la violence trahissent odieusement le Dieu dont ils se réclament. Et serait-il vraiment dieu celui qui aurait besoin de la violence des violents pour s’imposer aux hommes ?" disait hier Mgr Leborgne, évêque d'Arras, à l'occasion des funérailles de Dominique Bernard.
"Rendez à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu". Jésus n'établit pas un
modèle de laïcité à la Française, ne commettons pas une faute de lecture historique, mais il rappelle au pouvoir, qu'il n'est pas Dieu, qu'il n'est pas "tout puissant", fut il César !
Il nous rappelle aussi, qu'il est une illusion de dieu qui s'appelle Mammon, le dieu de l'argent. Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et l'argent ! Or combien de conflits, sous couvert des
bannières religieuses, sont générés par cette soif du gain, de la possession, de la domination ? La controverse entre les partisans du roi Hérode, alliés aux pharisiens d'une part, et de Jésus
d'autre part, ne repose t'elle pas sur une question d'argent, le devoir de payer ou pas l'impôt à César ?
Ce vendredi et demain samedi est jouée à Locronan la pièce "La controverse de Valladolid". Peut être avez vous déjà vu à la télé cette pièce, interprétée par Jean Louis Trintignant, Jean Pierre Mariel et Jean Carmet. A priori, dans le récit, il s'agit d'une controverse entre religieux catholiques, à l'époque des conquêtes aux Amériques. Le débat porte sur la question de savoir si les amérindiens ont une âme, et bénéficieraient donc de la dignité de tout baptisé, ce que défend Bartholomé de Las Casas, ou si, au contraire, il s'agirait d'une forme évoluée de l'animal, ce qui justifierait qu'ils soient traités comme des esclaves, position défendue par le théologien Sepulveda. La controverse semblerait donc n'être qu'une querelle de théologiens. Or le débat est faussé, parce que le légat du pape, comme dans le film Mission, est tenu par le liens diplomatiques entre le pape et les puissants d'Europe, le Portugal et l'Espagne ; et l'on découvre surtout que derrière cette passion drapée de soutanes et de surplis, il y a les conquistadors qui ont des intérêts économiques en jeu.
Où est Dieu, ou est César, ou est Mammon ?
Christian Le Borgne, curé
Sermon de Mgr Marcel Lefebvre, Lille, 29 août 1976
(Pour rappel du contexte, en mars 1976, le général Vidéla et la junte militaire renversent par un coup d'état Isabel Peroñ, instituant une dictature militaire. Cette dictature a fait
près de 30 000 « disparus » (desaparecidos), 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques, et 1,5 million d'exilés pour 32 millions
d'habitants ainsi qu'au moins 500 bébés enlevés aux parents et élevés par des familles proches du pouvoir... Dans ce "sermon" de Lille, Mgr Marcel Lefèvre justifie ce coup d'état
militaire. De même, en 1985, il déclare admirer les régimes qu'ont mis en place Franco et Salazar, respectivement en
Espagne et au Portugal)
Notre-Seigneur Jésus-Christ doit régner même du point de vue économique
Eh bien ! même du point de vue économique, il faut que Notre-Seigneur Jésus-Christ règne. Parce que le Règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c'est justement le règne de ces principes d'amour que sont les commandements de Dieu et qui mettent de l'équilibre dans la société, qui font régner la justice et la paix dans la société. Ce n'est que dans l'ordre, la justice, la paix dans la société que l'économie peut régner, que l'économie peut refleurir. On le voit bien. Prenez l'image de la République argentine. Dans quel état était-elle il y a seulement deux, trois mois ? Une anarchie complète, les brigands tuant à droite, à gauche, les industries complètement ruinées, les patrons des usines enfermés et pris en otage, une révolution invraisemblable.
Dans un pays pourtant aussi beau, aussi équilibré, aussi sympathique que la République argentine, une République qui pourrait être d'une prospérité incroyable, avec des richesses
extraordinaires. Vient un gouvernement d'ordre, qui a des principes, qui a une autorité, qui met un peu d'ordre dans les affaires, qui empêche les brigands de tuer les autres, et voilà que
l'économie revient, et que les ouvriers ont du travail et qu'ils peuvent rentrer chez eux en sachant qu'ils ne vont pas être assommés par quelqu'un qui voudrait leur faire faire grève alors
qu'ils ne le désirent pas.
source : Fraternité St Pie X