· 

la table du Seigneur

Au début de cette première semaine de l'Avent, saturés de publicité pour les vins et  nourritures de Noël, nous entendions une promesse du prophète Isaïe,  (Is 25, 6) :

 

En ce jour-là,

le Seigneur de l’univers

préparera pour tous les peuples,
sur sa montagne,

un festin de viandes grasses
et de vins capiteux,

un festin de viandes succulentes et de vins décantés... 


et en écho dans l'Evangile (Mt 15, 29-37)  : 

" Je suis saisi de compassion pour cette foule,

car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi,
et n’ont rien à manger."
(lectionnaire du mercredi 1ere semaine de l'Avent)

 

Le langage du repas n'est pas seulement une affaire de cuisine, il dit la joie du rassemblement, de la vie fraternelle d'une famille réunie. L'aspect profane du boire et du manger est transfiguré par ce qu'il révèle.

Dans un album d'Astérix, on est habitué à voir Obélix se bâfrer, les gaulois se battre à coups de poissons pas frais, mais au terme de tout cela, une conclusion heureuse autour d'un banquet !

Le langage de la liturgie comme celui de la Bible est le langage de l'incarnation, avec ses rites et ses paroles. La consécration d'un autel n'est pas un rite païen, pour mettre Dieu à distance négociable, afin de marchander nos demandes. Il est un rite chrétien qui nous rappelle Dieu qui s'est approché de nous, et qui nous invite à la table de son Fils pour le banquet des noces.

Ecoutons ce que dit la prière de bénédiction de l'autel :

 

"du haut du ciel, répands ta bénédiction

sur l'autel qui a été bâti en cette église ;

qu'il soit pour toujours consacré au sacrifice du Christ,

qu'il soit la table du Seigneur

où ton peuple viendra refaire ses forces.

 Que cet autel soit pour nous le symbole du Christ,

car c'est de son côté transpercé

qu'il laissa couler l'eau et le sang,

source des sacrements de l'Église.

 

Que cet autel soit la table de fête

où les convives du Christ afflueront dans la joie :

en se déchargeant sur toi, Père,

de leurs soucis et de leurs fardeaux,

qu'ils reprennent ici courage pour une étape nouvelle.

 

Que cet autel soit un lieu de paix

et de profonde communion avec toi

pour que tes enfants, nourris du corps et du sang de ton Fils,

et abreuvés de son Esprit, grandissent dans ton amour.

 

Qu'il soit source d'unité pour l'Église

et source d'union entre les frères :

que tes fidèles rassemblés autour de lui

y puisent un esprit de vraie charité.

Qu'il soit le centre de notre louange

et de notre action de grâce

jusqu'au jour où nous parviendrons,

exultant de joie, dans les demeures du ciel,

là où nous t’offrirons sans fin le sacrifice de louange

avec le Christ, souverain Prêtre et vivant Autel,

lui qui règne avec toi et le Saint‑Esprit,

maintenant et pour les siècles des siècles.

 

Voilà ce qu'exprime l'autel dans le chœur et surtout au cœur de chacune de nos églises.
Voilà pourquoi nous le respectons et le vénérons. Plus qu'un meuble ou un monolithe, il est le signe d'une consécration et d'une promesse offerte à tous. 

 

En ce temps de l'Avent, cette consécration nous ravive dans l'espérance de ce jour où nous parviendrons, exultant de joie, dans les demeures du ciel, à la table du Seigneur...

 

Christian Le Borgne, curé