Le travail du marin pêcheur est de tirer le poisson de l'eau, afin d'en faire notre nourriture. Le poisson est pris au piège du filet, du hameçon, ou pour les crustacés, du casier.
Quand Jésus appelle ses disciples au bord du lac, les invitant à devenir "pêcheurs d'hommes", les incite t'il à piéger notre humanité dans les mailles de ses rets ? Absolument pas, il n'est pas
question de chalut mais de salut !
Ce passage de l'Evangile, l'appel des disciples laissant leurs filets pour répondre à l'appel du Christ, me fait penser aux hommes de l'Ile de Sein. Ils ont toujours su répondre à l'appel, qu'il s'agisse de juin 1940, ou de l'appel de la sirène quand il faut porter secours à un équipage en péril dans le Raz de Sein. Nul ne les y oblige, c'est instinctivement qu'ils interviennent quand la vie est en danger. Il ne s'agit plus alors de sortir la langouste ou le bar de l'océan, mais les hommes des situations de péril et de mort.
Telle est l'invitation du Christ. Il a répondu généreusement, librement, à l'appel du Père, en plongeant dans le bain de notre humanité. A sa réponse, il veut associer celle de ses disciples, respectés eux-mêmes dans leur réponse. D'autres s'en retourneront tout tristes, comme l'homme riche. Pris au piège de ses richesses dont le Christ tente de le délivrer, mais sans entraver sa liberté ! C'est cela être pêcheur d'hommes, retirer notre humanité des océans de la mort, de la peur et de l'angoisse, pour respirer au souffle de l'Esprit !
Cette semaine de prière pour l'unité des chrétiens a pour thème "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, tu aimeras ton prochain..." Si le filet de pêche peut avoir une connotation négative, on peut également y voir un appel à l'unité. Les exégètes nous disent que lors de la première pêche miraculeuse, les filets se déchiraient, mais après la résurrection du Christ, dans l'évangile de Jean, malgré la quantité de poissons, les filets ne se déchiraient pas... Nous sommes invités à la communion entre tous les hommes, communion en Dieu.
Tant de courants de divisions nous paralysent, en raison de nos égoïsmes, de nos intérêts partisans, de nos solidarités avec des puissances de mal ; afin de nous protéger des récifs ou viendraient sombrer nos libertés, le Seigneur nous convoque sur les rivages de notre Dieu avec notre humanité !
Christian Le Borgne, curé