Locronan - Maîtresse vitre - Résurrection de Lazare ; photo cleborgne
voir l'étude détaillée de ce vitrail dans le blog de Jean Yves Cordier:
Durant ce temps du carême, la liturgie nous propose les lectures de l'année B, mais invite à proclamer pour le troisième, le quatrième et le cinquième dimanche, dimanches où sont célébrés
les "scrutins", respectivement le récit de la Samaritaine, de l'Aveugle-né et celui de la résurrection de Lazare. Le mot "scrutin" trouve son origine dans le psaume 138 (139)
01 Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! ·
02 Tu sais quand je m'assois, quand je me lève ; de très loin, tu pénètres mes pensées.
Ces étapes sont des moments privilégiés de maturation pour les catéchumènes, entre l'appel décisif par l'évêque, premier dimanche de carême, et la célébration des sacrements du baptême, de
la confirmation et de l'eucharistie, au cours de la nuit pascale. Ce temps des scrutins est le moment favorable pour évaluer quel est le programme de vie, la droiture d'intention,
pour celle ou celui qui se dispose à choisir le Christ et à conformer sa vie aux exigences de l'Evangile.
L’Église qui chemine avec les catéchumènes, à l'occasion de cette démarche de carême, invite par la même, chacun de ses membres, peuple des baptisés, à vérifier si ce qui est vécu par chacun est conforme à ces mêmes exigences.
Deux passages de l'Evangile selon Saint Jean, donc, ce dimanche, l'un ou l'autre, selon les circonstances que je viens de préciser. Dans les deux, il est question de vie et de mort, certes, mais plus encore d'appel à la vie au delà de nos morts.
Dans l'un, Jésus annonce sa mort par l'illustration du grain de blé mis en terre, afin de germer et donner du fruit en abondance. Et en écho à la parole proclamée dimanche dernier "Quand j'aurais été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes".
Dans l'autre, l'annonce de la mort de Jésus est préfigurée par celle de son ami Lazare. A cette occasion, Jésus annonce notre propre résurrection « Moi, je suis la
résurrection et la vie.
"Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;
quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Dans ces deux chapitres de Jean qui se suivent, respectivement les chapitres onze et douze, se trame le récit de la passion, dans l'opposition entre Jésus et les autorités. Dans l'un, Jésus comprend que la demande "des grecs" de le rencontrer va susciter la colère et la haine chez les autorités, dans l'autre, le signe accompli de la résurrection d'un homme d'entre les morts engendre la décision, chez les mêmes autorités, de le mettre à mort : "il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas."
Cette controverse avec les autorités n'est pas sans rappeler les débats de société auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés, particulièrement dans notre pays. Qu'il s'agisse de l'inscription dans la constitution du droit à l'interruption de grossesse, ou du projet de loi aidant une personne en souffrance à mourir, on demeure dans une logique de mort, quelque soit le langage utilisé. Pour paraphraser l'expression de Caïphe, "il vaut mieux la mort...".
Au coeur d'un débat citoyen, respectueux de la laïcité, je m'en référerais aux propos de Robert Badinter, non seulement justifiant l'abrogation de la peine de mort, mais récusant également toute
promotion d'une légalisation de l'euthanasie ; «la vie d'autrui n'est à la disposition de personne». «Tout être humain a droit au respect de sa vie, y compris de la part de l'État,
surtout en démocratie». En légalisant, en inscrivant dans la constitution ces options de mort, incidemment, un état d'esprit général met la pression sur les personnes qui voudraient faire le
choix de la vie, malgré les difficultés et les souffrances. C'est ce que disent des parents qui mettent au monde des enfants handicapés...
Dans le cadre d'un débat entre
croyants, en Eglise, notre foi repose en Dieu source de vie, en un Seigneur vainqueur de la mort, Premier-né des vivants, en un Esprit Créateur qui redonnera vie à nos vieux os et tissera nos
chairs de ressuscités. "Vois, je mets devant toi la mort et la vie, le bonheur et le malheur, choisis donc la vie".
Christian Le Borgne, curé