C'est le travers de la presse, dite "d'opinion", de ne lire les documents émanant du Pape et des services pontificaux, qu'au travers des prismes hexagonaux, selon les filtres des enjeux législatifs, comme si l'actualité des débats en France était la préoccupation première et unique du pape et de ses collaborateurs !
Ce travers, comme celui d'établir une hiérachie entre des préoccupations pourtant affirmées comme solidaires, l'article de "Libé" qualifiant par exemple "d'éthiques" les questions liées à l'IVG ou à l'euthanasie, et ne l'étant pas, les questions de l'immigration, des féménicides ou de la guerre... Je cite : " Selon le texte publié lundi par le Vatican, les atteintes à la dignité humaine ne sont donc pas exclusivement cantonnées à l’éthique. Elles incluent aussi bien la grande pauvreté que le sort des migrants ou encore les dommages infligés à l’humanité par les guerres"...
Cette critique que l'on peut adresser à certains journalistes, on peut tout autant l'adresser à de nombreux catholiques qui ne retiennent dans cette déclaration, que l'un ou l'autre des points abordés, avec bien sur, l'approche classique de l'anathème, "le pape condamne", comme en son temps Eddy Mitchel chantait "Le Pape à dit..."
J'avoue n'avoir pas encore pris le temps de lire l'intégralité de cette déclaration ; je me suis contenté de lire les recension faites par divers services et organes de presse, tel que Libé... Vous trouverez ci-dessous les liens qui vous permettront d'en prendre par vous même connaissance.
Comme dans chacune des déclarations, encycliques, exhortations du pape François, il y a une cohérence avec d'une part, ce qui est l'enseignement traditionnel de l'Eglise, et notamment les prises de paroles du pape Jean Paul II, défendant la dignité de l'homme, particulièrement dans son message adressé à l'UNESCO, lors de son voyage à Paris, en 1981, et une volonté, d'autre part, de répondre aux préoccupations urgentes de l'actualité, questions environnementales ou migratoires, par exemples, pour ne citer qu'elles. Il y a une cohérence dans l'ensemble des propos, ce qu'il appelle une "écologie intégrale", quand l'opinion publique est nourrie de "vérités successives" et contradictoires. Comme le soulignait par exemple Maître Badinter, il y a une cohérence entre refuser la peine de mort et refuser l'euthanasie, nul n'a le droit de disposer de la vie d'un autre !
Une chose est claire, la déclaration du pape est signée en date de lundi dernier, 8 avril, où en raison d'un calendrier liturgique particulier, l'Eglise fêtait l'Annonciation, c'est à dire la célébration du jour ou le Christ, Verbe de Dieu, a pris chair de la Vierge Marie. En épousant notre humanité, Dieu lui accordait une dignité inaliénable. Aucune circonstance politique, économique ou idéologique ne peut de fait porter atteinte à cette dignité.
Certaines associations se prévalent du droit de mourir dans la dignité... Ce qui laisserait supposer qu'une personne en fin de vie marquée par la souffrance et la maladie aurait perdu cette dignité ? Bien plus qu'un droit à mourir dignement, le pape, témoin du Ressuscité et de son Evangile nous convoque à tout mettre en œuvre pour que chaque personne, crée à l'image et à la ressemblance de Dieu lui même puisse vivre selon cette dignité d'enfant de Dieu.
Christian Le Borgne, curé