Il est loin le temps ou les catéchismes et les prédicateurs, à l'aide de leurs tableaux de mission, mettaient en garde contre les dangers de la TSF et de la "mauvaise presse" ! Seules les bonnes revues, notamment des bons pères assomptionnistes, comme "le Pèlerin", pouvaient être admises dans les foyers chrétiens. Quand à la presse locale, il ne fallait pas favoriser les "ennemis de la religion" !
Depuis, le monde de la communication a totalement changé, les plus jeunes ignorent ce qu'était l' ORTF et sa chaîne unique, et nous sommes nous même perdus devant le choix de chaînes
d'informations proposées sur le réseau accessible sur un simple décodeur.
La télévision et la presse écrite sont d'ailleurs elles mêmes tenues de travailler en lien étroit avec ce que l'on appelle les "réseaux sociaux", c'est à dire la communication numérique, via
tablettes ou téléphones, qui regorgent de toutes les portes possibles et déjà dépassées pour les nouvelles générations !
Demeure la mise en garde vis à vis de ces outils, de ces moyens de communication : sont-ils vraiment au service de l'information ? Si vous cherchez une éclairage sur la situation en Ukraine, par exemple, comment savoir quel est l’émetteur de l'information, et ses intérêts partisans ? Hier, dans la presse écrite, on savait très bien quels étaient les fondements de l'analyse d'un éditorialiste ou du Figaro, ou de l'Humanité... Mais dans la tour de Babel des propositions qui nous sont faîtes aujourd'hui, comment s'y retrouver ? Comment se faire une juste opinion, sérieusement fondée ?
L'autre danger, qu'il m'est déjà arrivé de signaler dans un article comme celui-ci, c'est celui de ceux qui participent à des recherches et des débats sur des réseaux comme Facebook, par exemple. Il existe dans les ordinateurs qui gèrent les flux, des systèmes d'analyse pour repérer quels sont les centres d'intérêts de ceux qui contribuent ou s'intéressent à tel ou tel sujet. On appelle cela les "algorithmes". Et cela devient parfois cocasse ! Ainsi, j'avais consulté sur le net un site de vêtement liturgiques, tout comme le jeune abbé dans son confessionnal, dans le film "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?"... Surprise, en consultant plus tard le site de la carte des marées, "marée-info", la ou j'aurais pu m'attendre à de la publicité pour des pulls marins ou des cirés, je trouvais des propositions de chasubles et de soutanes... Pas très appropriées pour le sport nautique !
Cela est moins drôle quand l'on sait que certaines personnes n'acceptent comme information que celles émanant des groupes ayant la même forme de pensée et d'intérêt, d’où le développement des courants complotistes et la propagation des "fake news", qualifiés de "vérités alternatives" par un certain Donald Trump !
Plus que jamais, nous sommes invités à la vigilance ! Vigilance vis à vis de ce que nous lisons, entendons : est-ce fondé, vérifié ?
Vigilance vis à vis de nous même : ce que nous disons est-il vrai ? Je me revoie l'été dernier tenir tête à une dame qui me faisait grief de propos qu'elle m'attribuait, puisque qu'on les lui
avait rapportés, propos que je n'avais jamais tenu, du moins sous la forme sous laquelle elle me les reprochait... Ah les rumeurs !
Vous connaissez l'histoire d'une dame qui vient se confesser auprès de Philippe Néri de médisance et de calomnie ? La connaissant dans ce travers, le saint prêtre lui demande
« Rentrez chez vous, prenez une poule et plumez-là. Ensuite, allez dans votre quartier, semez les plumes sur votre chemin, puis revenez me voir ». Le jour suivant, la mégère
repentie revient. Le bon saint lui demande alors d’aller ramasser toutes les plumes dans la rue. « Mais c’est impossible », se désole-t-elle. Ce à quoi il répond du tac au tac
: « Vous voyez bien qu’il est plus facile de colporter des ragots que d’en réparer les conséquences »
Le monde de l'information, l'expression dit elle même ce dont il s'agit : tout à la fois, l'information, mais aussi "le monde", contre lequel le Christ nous met en garde.
"Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.
En ce dimanche des moyens de communications, le Pape François nous met en garde contre l'Intelligence Artificielle", c'est à dire les moyens qu'offrent aujourd'hui l'informatique de rédiger un article, un édito, un discours, à partir de quelques mots que l'on soumet à la machine... Vous avez compris, je ne fais pas encore appel à cette technologie pour vous rédiger ces quelques réflexions !
Bon dimanche à vous, et que le Christ vous sanctifie dans la vérité, qui en hébreu se dit Amen !
Christian Le Borgne, curé