· 

Homélies de Mgr Jean Bondu - 2024

Homélie messe à Ste Anne La Palud

 

Samedi 24 août 2024

 

 Textes du 21ème dimanche du Temps Ordinaire, année B

 

Josué 24, 1-2a.15-17.18                    
Ps 33              
Eph 2, 19-22              
Jn 6, 60-69

 

 

« Qui voulez-vous servir ? » « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » Voilà les deux paroles qui peuvent marquer notre méditation ce soir.

 

Alors que nous cheminons ensemble, non seulement nous autres pèlerins de ce week-end, mais encore tous ceux que nous portons, ceux qui nous ont demandé de prier pour eux, ceux de nos connaissances qui peinent et tombent sur le chemin de leur vie, ceux de l’actualité – quels visages avons-nous en tête en ce moment ? – nous cheminons avec eux tous… et nous voilà au sanctuaire de Ste Anne, la maman de Marie, notre grand-mère du ciel. Auprès de Ste Anne, nous recevons à nouveau une maman dans la familiarité de la foi, la simplicité de la tradition, la douceur de l’affection féminine. Auprès de Ste Anne, nous nous laissons guider. Elle montre à sa fille, Marie, le livre qui recueille la Parole de Dieu. Anne initie Marie à écouter le Seigneur qui parle à son peuple, de tout temps, et dans l’aujourd’hui de notre vie. La particularité des Écritures Saintes est de porter une parole pour nous aujourd’hui, ces Écritures Saintes sont le vecteur de la parole que Dieu nous adresse aujourd’hui. Si nous accueillons cette conviction que Dieu se fait entendre dans cette longue histoire des croyants avec Lui et dans cette venue de Jésus de Nazareth, comme son envoyé, et même comme son Fils unique, Messie et Sauveur, si Dieu parle ainsi, alors nos oreilles et nos cœurs doivent s’ouvrir pour écouter et garder en mémoire. Dieu parle et attend notre réponse. Dieu institue le dialogue avec nous autres, ses alliés.

 

Que nous dit-il ce soir ?

 

 

 

« Qui voulez-vous servir ? »

 

Ce terme « servir » est à la mode, il est même ennobli à nouveau de reconnaissance, de gratitude, de compétences. J’évoque le service à la personne. Ce qui n’était pas considéré autrefois, et même un peu méprisé, est promu pour le bien des malades, des gens en précarité, des anciens. Que ce soit des professionnels ou des familiers aidant, ce service à la personne trouve aujourd’hui une dignité, une grandeur. Paradoxalement, se mettre ainsi aux pieds des personnes dépendantes suscite admiration et remerciement.

 

Qu’est-ce que nous admirons ? Qu’est-ce qui vaut remerciement ? Le fait d’être dans une attitude difficile, dans des gestes pénibles et usant, le fait de faciliter la vie d’un autre en s’octroyant des tâches délicates – lever, toilette, habillage, aide au repas,… - ces gestes ne s’improvisent pas, ils demandent si l’on veut éviter une usure prématurée des techniques particulières, des compétences précises. Nous sommes reconnaissants en raison d’une forme de pénibilité, de durabilité du service et parce que nous nous disons bien souvent : « Je ne serai pas capable de le faire. »

 

Cette semaine, un prêtre âgé devait quitter les soins à l’hôpital. Il voulait revenir chez lui, à 88 ans. Seulement, la dame qui venait plusieurs fois par semaine, à 80 ans, pour lui apporter des repas, entretenir son linge, faire un peu de ménage, cette aidante n’en pouvait plus et n’osait le dire. La perspective du retour de ce prêtre âgé chez lui et donc pour elle, de la reprise d’un service, l’empêchait de dormir, la dépassait. Les aidants sont quelques fois épuisés avant le malade lui-même. Le service permet à celui ou celle qui est dépendant, de continuer une vie à domicile ou en établissement sanitaire. C’est l’accompagnement dû à nos aînés, à nos malades, au nom d’une fraternité humaine, d’une dignité humaine qui ne tient pas aux circonstances pénibles qu’ils traversent, mais à leur identité même d’être humain, à leur esprit et à leur âme.

 

Servir… j’ai été dans mon discours positif, optimiste. Nous n’en sommes pas tous là. Nous sommes encore capables de ne pas considérer les tâches pénibles… Il y a les services à la personne, il y a aussi tous les services dans les entreprises et les administrations qui ne sont pas valorisés car pas directement liés aux performances, à la productivité ou aux gains financiers. Comment progressons-nous dans une conscience des rouages absolument nécessaires et dans la valorisation des personnes en service ? Il en va de notre regard et de notre cœur.

 

Si ce mot « servir » retrouve des lettres de noblesse, qu’en est-il de l’interpellation que nous recevons dans cette 1ère lecture ? « Qui voulez-vous servir ? les dieux mésopotamiens ou les dieux des amorites ? Nous, nous voulons servir le Seigneur. »

 

Servir Dieu, qu’est-ce à dire ? Certains diront que le service du prochain est service de Dieu. Oui et non ! Il est clair dans toute la tradition biblique que Dieu n’est pas insensible au bien que nous accomplissons envers nos frères et sœurs humains. « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » dira Jésus (Mt 25, 40). Pour autant, si le double commandement de l’amour commence par l’amour de notre Dieu, servir le prochain ne peut englober et suffire à notre amour de Dieu.  Dieu vaut d’être aimé pour lui-même et non seulement par le biais du service de nos prochains.

 

Quel temps prenons-nous pour la rencontre quotidienne avec Lui ? Nous ne pouvons donner que l’aujourd’hui, comme écrivait Thérèse de Lisieux. Quant à ceux qui disent que la pratique de leur enfance, toutes les obligations dues à leur éducation, valent pour toute leur vie, ils manifestent par-là, qu’ils en sont restés des obligations cultuelles, rituelles, religieuses et qu’ils n’ont jamais atteint le niveau de la rencontre avec Dieu, de ce ressourcement en lui, de cet amour personnel reçu et donné. Servir Dieu, qu’est-ce que cela veut dire pour nous ? L’écouter, répondre à sa parole par nos choix, nos décisions, nos actes, aimer l’autre, mais aussi aimer Dieu lui-même. Nous tenir devant Lui dans la louange et la reconnaissance par les psaumes et de multiples chants aujourd’hui, nous tenir devant Lui dans l’adoration (ce qui va nous être proposé demain), dans l’intercession pour ce monde autant que pour nous-mêmes et nos proches… servir Dieu

 

Sans doute, ce service de Dieu est-il entravé par toutes les idoles que nous servons par ailleurs. Et vous me direz comme les croyants de la bible que vous n’avez pas d’idole, que vous ne servez que le Dieu unique… Mais regardez ce qui prend de la place en vos vies, ce que vous considérez comme important, précieux, sacré.  J’évoque quelques idoles de notre temps qui nous accaparent et éloignent de la vie : la place du jeu (en ligne, en vidéo ou en présentiel), la place de l’argent et la peur de perdre, la place du plaisir physique (par la nourriture, le confort, le sexe), la place de nos passions sportives, culturelles… Tout cela peut être bon, à condition de ne pas prendre la place de Celui est source de vie et communion entre lui et nous, entre nous.

 

 

 

« À qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelles. » L’apôtre Pierre, alors que beaucoup quittent Jésus, affirme sa foi. Il a trouvé en Jésus non seulement le Messie, Celui qui était attendu pour délivrer des romains, de l’occupant, mais il a trouvé en Jésus Celui dont les paroles opèrent la vérité en chacun, touchent au but, révèlent la grandeur des êtres, l’amour de Dieu, et le but de la vie. Il a trouvé en Jésus, l’envoyé de Dieu, le Saint de Dieu, Dieu lui-même. Les paroles de Jésus peuvent être dures – en l’occurrence, dimanche dernier, nous entendions ces paroles difficiles « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi, je demeure en lui…Celui qui me mange vivra par moi. » Pierre engage sa foi, il croit en Jésus qui se donne. Il perçoit en Jésus, Dieu présent et invitant à une communion de vie et d’être. Pierre témoigne devant tous dans un élan de fondation, d’affirmation de foi.

 

Que ce pèlerinage à Ste Anne nous permette à nous aussi, de choisir, d’être entraîné par l’Esprit Saint à nous nourrir de la Parole de Dieu, parole de vie et d’amour.

 

« Qui voulons-nous servir ? » le Dieu de Jésus-Christ et Jésus-Christ lui-même.

 

Comment ? En l’écoutant, en le priant, en l’adorant et en servant nos frères et sœurs. Amen.

 

 

 


Homélie messe à Ste Anne La Palud

 

Dimanche 25 août 2024

 

 Textes de la fête des Sts Anne et Joachim

 

Sirac 44, 1.10-15                    
Ps 131            
Heb 11, 1-2.8-13                   
Mt 13, 16-17

 

 

 

Nous fêtons Ste Anne, la grand-mère des bretons, et je suis heureux de devenir breton. J’y gagne une grand-mère. En nous approchant d’elle, nous cherchons à mieux la connaître, elle et Joachim, son époux. Nous les évoquons par le fait qu’ils sont les ascendants de Jésus selon la chair, par Marie sa mère. Leur vie n’est pas décrite dans les évangiles. Nous entrons en familiarité avec eux par les apocryphes ; ces écrits non reconnus comme Parole de Dieu, recueillent des traditions orales, historiques ou non. Ils nous disent qu’Anne et Joachim étaient sans enfance au bout de longues années de mariage. Leur stérilité était leur souffrance. Ils ne cessaient de demander à Dieu de les bénir en leur permettant d’enfanter, ils demeuraient dans la foi.

 

Foi et espérance, voilà les deux mots pour notre méditation ce matin.

 

 

 

Vous avez entendu cette belle définition de l’auteur de la lettre aux Hébreux, notre 2ème lecture : « la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. »

 

Anne et Joachim, par la foi, possédaient par avance la fécondité de leur mariage. Leur foi leur permettait de demeurer dans l’attente, confiants en Dieu, et leur attente ne fut pas déçue puisqu’ils enfantèrent Marie, la mère du Sauveur, la mère de Dieu. Ils connaissaient le Dieu de vie, qui transmet la vie et qui sauve de nos insuffisances, de nos limites, de nos faiblesses. La grand-mère de Jésus porte le prénom d’Anne ce qui signifie en hébreu : « grâce » « faveur ». Par ce prénom et ce qu’il signifie, nous pouvons comparer l’attente et la prière d’Anne et Joachim, avec celles d’une autre Anne de l’Ancien Testament, Anne et Elkana, parents du prophète Samuel aux premiers chapitres du 1er livre de Samuel. Nous y trouvons la prière d’Anne, stérile, doublement humiliée par le fait de ne pouvoir enfanter et par la moquerie de l’autre épouse, Penina, de son mari Elcana, qui, elle, avait de nombreux enfants. Anne s’en remet à Dieu comme Anne et Joachim, sûr qu’il va l’exaucer. 2ème comparaison possible : Anne, la maman de Samuel, lors de sa présentation au temps, va alors chanter les louanges du Seigneur, comme, la fille d’Anne, la maman de Jésus au moment de la visitation à sa cousin Élisabeth. Les deux Anne, ainsi, reconnaissent et chantent le Dieu créateur et sauveur, le Dieu de la vie et de la libération du Mal. Croire pour posséder et connaître.

 

Notre 2nde lecture développe encore cette définition et ce but par la figure d’Abraham et de Sara. Abraham espérait une descendance et une terre. Il avait bien eu un fils, mais par sa servante Agar, il espérait un fils légitime de son épouse. Et nous connaissons le rire de Sarah (Gn 18,12), après celui d’Abraham (Gn 17,17), au moment de l’annonce de la naissance d’Isaac, l’enfant du rire. « Comment peut-on enfanter quand on est vieux ? » « Y a-t-il une merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? » Abraham eut foi en Dieu, non pas seulement en raison du fils reçu, mais également en raison de la promesse divine qu’il deviendrait père d’une multitude, père des croyants. « Dieu est fidèle à ses promesses. » Promesse d’une descendance, promesse d’une terre.

 

Et nous, qu’espérons-nous ? En qui mettons-nous notre foi ? Nos stérilités, nos faiblesses, nos péchés sont-ils indépassables, impardonnables ? N’y a-t-il pas pour nous une promesse divine de vie et de bonheur ?

 

La foi est une façon de posséder que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.

 

 

 

Des réalités qu’on ne voit pas… pourtant l’évangile de cette fête nous dit « heureux vos yeux puisqu’ils voient et vos oreilles puisqu’elles entendent ! » Cette béatitude nous oriente vers les miracles de Jésus quand il ouvre les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Pensons à Bartimée, l’aveugle mendiant de Jéricho, à l’aveugle de Bethsaïde auquel il applique sur les yeux de la boue formée de terre et sa salive, l’aveugle-né rencontré au temple de Jérusalem. Pensons au sourd muet adulte (Mt 9, 32-33 et Mc 7,32) et à l’enfant épileptique muet que Jésus guérit. Le fils de Marie, le petit-fils d’Anne n’a pas guéri tous les aveugles, ni tous les muets de son époque. Il a donné ces signes pour accompagner la foi de ses contemporains.

 

Ces récits évangéliques nous rendent nous aussi témoins, témoins secondaires bien sûr, mais témoins des mêmes signes. Et qui sont les aveugles et les sourds aujourd’hui ? Bien sûr, des personnes handicapées de notre entourage, que nous n’oublions pas. Certains d’ailleurs, aujourd’hui, de manière marginale, sont guéris de leur cécité, de leur surdité. Mais qui sont les aveugles et les sourds aujourd’hui ? Pas seulement les personnes handicapées, mais nous aussi… Combien de fois ne voyons-nous ? Combien de fois n’entendons-nous pas ? Nous ne voyons pas les signes de Dieu, nous n’entendons pas parole. Nous sommes rivés, ancrés dans nos doutes, nos convictions, incapables d’ouvrir les yeux et les oreilles. Voyons-nous les merveilles que Dieu a réalisées hier, en la vie de nombreux croyants, en Jésus son envoyé, son fils unique incarné, manifestant l’amour de son Père, livrant le salut qu’il nous offre ? Voyons-nous ces merveilles d’hier à aujourd’hui ? Sommes-nous capables de mettre notre foi en Celui qui agit aujourd’hui ?

 

Il y a des conversions, il y a des appels qui retentissent dans la vie de jeunes et de moins jeunes, il y a l’amour de Dieu qui bouleverse des vies. Nos catéchumènes en témoignent. Cette semaine, une jeune fille est entrée comme postulante chez les clarisses à Arras. Il y a des réconciliations inespérées, des accords de paix enfin obtenues. Nous regardons le Mal, nous nous lamentons sur les territoires conquis par le Mal. Nous ne voyons pas l’œuvre de Dieu et son action dans le cœur de l’homme, à commencer par le nôtre. Cela n’est-il pas étrange, nous qui nous disons croyants et disciples du Christ. Est-il mort définitivement ? Est-il ressuscité, présent à nos vies, à la vie de son Église, la guidant par son Esprit Saint ? Pensons-nous que Dieu nous ait abandonné. Non, ouvrons les yeux et les oreilles. Le Seigneur travaille à notre progrès spirituel, à notre croissance spirituelle. Pour notre Joie et notre Vie.

 

« Heureux les yeux qui voient et les oreilles qui entendent ! » Oui, le Seigneur a visité son peuple, il l’a guéri et lui a ouvert les chemins pour le trouver et le reconnaître. Nous sommes ses enfants, ses disciples. Demeurons dans la foi et l’espérance ! Nous avons le bonheur d’avoir rencontré le Christ, de vivre le face-à-face avec lui dans la prière et la réception des sacrements, dans l’écoute de sa Parole qui nous guide et nous élève. Que nous rendions grâce en cette eucharistie, comme Abraham et Sara, comme Anne et Joachim, pour ce que nous n’avons pas encore reçu, mais que Dieu nous prépare : la réalisation de ses promesses. Amen.

 


Homélie des vêpres à Ste Anne La Palud

 

Dimanche 25 août 2024

 

 

 

 Homélie à partir de l’Évangile du recouvrement de Jésus au Temple (Lc 2, 41-52)

 

 

 

Chercher un enfant et le réprimander de n’avoir pas suivi le mouvement, c’est chose commune, ordinaire. Tout parent ou grand-parent a fait cette expérience malheureuse. Il suffit d’un manque d’attention, d’un peu de liberté accordée, de soucis autres trottant en tête. On peut difficilement reprocher à Marie et Joseph de ne pas avoir été attentifs à Jésus, d’autant plus qu’à ce moment-là, il a 12 ans, l’âge de la Bar-Mitzsva, l’âge d’une maturité dans la foi reconnue publiquement. Autre élément à prendre en compte : Joseph et Marie s’en aperçoivent au bout d’une journée de marche, ils pensaient que Jésus était dans le convoi avec des connaissances. Autrement dit, il y avait une grande vie sociale parmi les pèlerins, une solidarité, une familiarité. En toute confiance, qui se serait soucier d’un jeune qui ne pose pas de problème, il a pris le pas avec d’autres amis, d’autres parents. Mais au bout de 3 jours, en le cherchant, finalement, cette hypothèse ne se vérifie pas.

 

Jésus est au Temple parmi les docteurs de la Loi, les connaisseurs de l’Écriture Sainte, les familiers de Dieu. Il y a entre eux, une écoute et un dialogue. La sagesse des docteurs de la Loi n’effraie pas Jésus, il est lui-même chercheur, il leur pose des questions. L’intelligence de Jésus et les propres réponses qu’il fournit lui-même, émerveillent ceux qui sont témoins de ce dialogue. Jésus au niveau des docteurs de la Loi, Jésus fin connaisseur des Écritures, Jésus intelligent et sage à 12 ans… Jésus qui répond à ses parents : « Ne savez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

 

 

 

« Que l’on vienne ici en procession ? » Cette parole est donnée par Marie à Bernadette à Lourdes. Demande de Notre-Dame pour qu’un peuple se forme en marche et vienne se recueillir, prier, chercher Dieu.

 

Les pèlerinages, les processions ont existé de tout temps. Il y a des lieux privilégiés pour la rencontre de Dieu, la vénération de saints, la prière et la célébration. Ste Anne La Palud en est un, même si les chapelles ont changé de lieux au fil des siècles. Il reste ici une tradition vivante, un lieu de grâces, l’opportunité de la rencontre de Dieu par la familiarité avec sa grand-mère.

 

Jésus lui aussi a connu les pèlerinages, les processions. Il venait à Jérusalem, au temple, rencontrer son père dans la prière, l’écoute de sa Parole, la recherche de la compréhension de cette Parole. « Na savez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Par cette affirmation, Jésus exprime son lien si particulier à Dieu, qu’il appelle mon Père et qu’il y a des lieux privilégiés pour nourrir ce lien, le vivifier : le temple de Jérusalem, avec le Saint des Saints dans lequel a été déposée l’Arche d’Alliance, au cœur de laquelle ont été recueillies les tables de la Loi, signe de la présence de Dieu à son Peuple.

 

Nous en Bretagne, nous avons Ste Anne, notre sainte patronne, vénérée en de nombreux lieux, particulièrement à Ste Anne d’Auray et ici. La grand-mère de Jésus nous guide jusqu’à Lui, jusqu’à son identité de Fils de Dieu devenu homme, jusqu’à sa mission de Sauveur, jusqu’à sa présence de Ressuscité inégalée, perceptible dans les sacrements, canaux de Dieu pour se donner à nous, présence du ressuscité particulièrement reconnue dans l’Eucharistie, le Pain de Vie, le Pain consacré devenu Corps du Christ pour nous, Tête de l’Église qui nous attire à Lui pour faire de nous une offrande à son Père, pour nous transfigurer par son Esprit en Lui, le Saint de Dieu, en Lui, l’homme, nouvel Adam, en Lui, le Fils devenu notre aîné et nous conduisant à la relation filiale avec Dieu son Père.

 

Jésus, l’enfant de 12 ans à Jérusalem, est devenu adulte et nous a laissé sa prière de fils. Par elle, il nous instruit et nous façonne pour entrer dans la volonté de Dieu et accomplir celle-ci. Aimer et servir, Louer et adorer, travailler à la justice, à la paix, à la communion avec Dieu et entre nous, accueillir la Vérité en nos êtres, prendre soin des petits et des faibles, des fragiles et des exclus.

 

Nous sommes venus en procession pour nous recevoir comme Corps du Christ pour ce monde. Il est la tête, nous sommes ses membres pour accomplir sa mission de charité et d’amour, dans la relation à Dieu son Père et à nos frères et sœurs.

 

Chez notre Père, par Jésus, par Marie sa mère, par Anne, sa grand-mère. Amen.