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scandale vis à vis du plus petit...

Depuis la publication et la présentation du rapport Sauvé, nous pensions avoir touché le fond au sujet des révélations concernant les actes criminels et agressions sur mineurs, au sein de l'Eglise. Hélas, les échos que nous donnent la presse relatant les faits au sein d'un établissement catholique tenu par les Pères de Betharram, nous scandalisent profondément !

 

Il ne me revient pas de revenir sur cette affaire... "Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés", nous dit le christ. Comprenons bien, il ne s'agit pas de maintenir une loi du silence, ni passer par l'oubli ce qui a profondément blessé les plus fragiles, en droit de vérité et de reconnaissance. Ne pas juger, c'est accepter que le jugement soit porté par une autorité reconnue, non par la vengeance ou l'arbitraire, trop souvent au profit de l'institution... "Si un frère a commis un péché contre toi..." (Mt 18, 15-17)

 

Etre scandalisé est une chose. Répondre au droit des victimes en est une autre, et faire en sorte qu'il n'y ait plus de victime, encore une autre.

 

- répondre aux droits des victimes : Je n'admets plus l'expression "abus sexuel" ou "abus de violence" sur mineur ; il s'agit de crime ou d'agression, pas d'abus ! Lors d'un contrôle par les forces de l'ordre sur la voie publique, on vérifiera s'il y a "abus d'alcool", un seuil de tolérance étant admis, mais en cas d'usage de stupéfiant, de drogue, on ne parlera plus  d'abus, la tolérance est de zéro ; tout acte de violence sexuelle ou physique sur un mineur relève de la tolérance zéro ! C'est abuser de la confiance de la victime que de ne pas le reconnaître et de ne pas qualifier l'agression ou le crime par son nom.

 

L'affaire de Betharram va une fois de plus raviver la mémoire de tous ceux et celles qui ont été victimes de faits similaires, et n'ont pas obtenu reconnaissance des maux commis. Ils ont le droit d'être entendus, écoutés, et dans la mesure du possible, obtenir une forme de réparation du mal subi.

Une journée annuelle a été instituée par les évêques de France, le troisième vendredi du carême. Des propositions de prières, de chemin de croix notamment, sont données.


Notre évêque, après avoir vécu des temps liturgiques, actes mémoriels de repentance, comme au Lycée Charles de Foucault à Brest, se propose de venir célébrer la messe, avec cette intention spécifique, dimanche 23 mars, à Châteaulin. Il sera accompagné du visiteur des frères de Ploërmel.

 

Et puis, il nous faut faire en sorte, autant que possible, au sein de notre Eglise, de la paroisse et des institutions diocésaines, qu'il n'y ait plus de victime de ce genre d'agressions.
Une commission diocésaine a été instituée par notre évêque, suite au rapport Sauvé. Constituée notamment de la responsable du personnel laïc du diocèse, de la déléguée à la pastorale des jeunes et d'une personne très investie dans les associations de protections des mineurs, elle a établi une charte qui demande à être validée par toute personne intervenant auprès des mineurs ou des adultes en situation de vulnérabilité. Je suis fier d'avoir proposé un saint patron pour cette commission, Saint Nicolas, protecteur des enfants.

Cette commission vient rencontrer notre Equipe Pastorale, mardi prochain, pour présenter cette charte, et nous faire comprendre toutes les exigences dans la préventions, tant auprès des personnes, que des conditions concrètes à promouvoir, tels que l'aménagement des lieux. Par exemple, un mineur ne doit jamais se trouver seul avec un adulte dans un lieu, soustrait aux regards d'un tiers ; si l'espace confidentiel de la parole doit être préservé, qu'aucune suspicion d'acte interdit ne puisse s'établir...

 

Depuis déjà deux années au moins, vous avez ces deux informations sur notre site : d'une part, la ligne d'écoute nationale pour les victimes de violence et d'agressions sexuelles dans l'Eglise catholique,  d'autre part, à destinations des enfants, selon leur maturité, les brochures des éditions Bayard.

 

Seigneur, Tu nous sauves sans considérer notre mérite mais parce que tu ne veux perdre aucun des petits que Dieu t’a confié. Aide chacun de nous à avoir une oreille et un cœur disponibles aux révélations que les personnes victimes nous confient. Aide-nous à agir efficacement pour les protéger. Seigneur, nous t’en prions.

 

 

Christian Le Borgne, curé