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Abram ou Abraham ?

Abram eut foi dans le Seigneur

et le Seigneur estima qu’il était juste.

 

Le lectionnaire nous donne à entendre ce dimanche, un passage, assez complexe par ailleurs, décrivant un rituel de sacrifice tel qu'il était pratiqué dans le monde sémitique pour sceller un pacte d'alliance . Ce passage se situe au chapitre 15 de la Genèse.

Le nom d' Abram y est mentionné, même si la traduction liturgique introduit le récit par celui d'Abraham.

 

 

Abram signifie "Père exalté" c'est dire "élevé au plus haut" ; il est associé à une promesse faite par le Seigneur : "je rendrai grand ton nom" ;

Ce n'est qu'au chapitre 17 que nous est relaté le changement de nom :

« Voici l’alliance que je fais avec toi : tu deviendras le père d’une multitude de nations.

Tu ne seras plus appelé du nom d’Abram, ton nom sera Abraham, car je fais de toi le père d’une multitude de nations.

« Abraham »  peut être expliqué ici par l'assonance avec "ab hamôn" qui signifie « père de multitude » (le "h" étant prononcé comme "rh", à la manière du "j" espagnol...)

 

Nous rencontrons à plusieurs reprises ce changement de nom dans les récits bibliques. Simon, fils de Jonas, devient Pierre, Saul devient Paul... Dans la Genèse Jacob devient Israël, et l'on peut multiplier les exemples.
Il s'agit à chaque fois d'une vocation nouvelle, comme une nouvelle création..

 

Une tradition s'est établie dans l'Eglise, de changer de prénom en certaines circonstances ; ainsi la coutume était de changer le prénom des postulants qui entraient dans la vie religieuse. Le prénom est donné par le supérieur ou la supérieure monastique. Certaines communautés font perdurer cette tradition, même si le concile a bien précisé que la vocation religieuse s'inscrivait en réponse à l'appel reçu au jour du baptême.  De même, celui qui est élu évêque de Rome, successeur de Pierre change de nom au jour de son élection ; mais c'est un nom qu'il choisit de lui même, pour indiquer à quel prédécesseur, ou à quel saint il se réfère.

 

Dans la liturgie du baptême des petits enfants, le célébrant interroge les parents :
"Quel prénom avez vous choisi pour votre enfant ?"

Il ne s'agit pas d'une enquête d'identité, quand bien même, il y aurait cinq, dix ou cent enfants à baptiser au cours de la célébration... Nommer l'enfant, c'est reconnaître la responsabilité parentale, c'est aux parents et à eux et eux seuls que revient le choix du prénom !

Quand Dieu donne un nom nouveau à un homme, une femme, il marque sa paternité, il engendre à une vie nouvelle.

 

"Vois j'ai gravé ton nom sur la paume de mes mains, et tu as du prix à mes yeux"...

 

 L'une des formes d'humiliation des déportés dans les camps nazis, était de ne plus avoir de nom, mais d'être tatoué d'une immatriculation. C'était une manière cruelle d'effacer le droit à l'existence.

Un prénom, c'est bien plus qu'une appellation ; c'est notre identité, ce prénom inscrit dans notre intimité, en l'entendant prononcé avec amour par notre mère, notre père, nos proches. I
l peut être référence à une figure qui nous a précédée, un saint patron, ou un grand père, une grand mère...
Un prénom c'est une histoire, mais aussi une promesse !

 

Christian Le Borgne, curé