Edito
Locronan 2013, dans la chaleur de juillet : la troménie attire toujours. Quelle extraordinaire manifestation de religion populaire, christianisée en profondeur, depuis des siècles ! On s’y laisse saisir par l’épaisseur cosmique et humaine de notre christianisme, religion de l’incarnation par excellence. Peu de pensée dans une telle journée ! La foi passe par les corps qui marchent et qui suent, qui durent ensemble, parlant, riant et priant tout au long du jour, communiant et embrassant les reliques aussi, sans aucune gêne. Ce jour là, oui, le cerveau est en vacances (sauf pour les organisateurs). C’est le corps et l’âme – intimement liés - qui sont sollicités ; par les couleurs et odeurs, la musique et les chants – du fond des âges ou du « fond Scouarnec », tout y passe ! –, par cette nature et cette ambiance qui rend notre Finistère si viscéralement attachant.
Dans cette troménie, plongés dans la fidélité des anciens, au milieu des forêts de photographes, des centaines de jeunes, ceux de la « génération Y », façonnée par le Net, celle qui se construit plus par échanges que par héritage. Quel choc des cultures ! Que reçoivent-ils de tout cela ? Quel acte de foi et d’espérance de savoir que ce mélange sera fécond. Cette génération critique et créative puise là ce qu’elle ne trouve nulle part ailleurs. Elle fera circuler photos et émotions ressenties. Et grâce à notre Eglise, qui tente vaille que vaille de jeter des ponts entre ces mondes, l’eau vive de l’Esprit changera les cœurs.
Ayant à devenir sous peu un des nombreux « bretons de Paris », je mesure avec gratitude dans quel terreau singulier et ouvert mon identité chrétienne s’est construite. Que Dieu nous donne de garder vivant cet humus que l’Evangile rend si fécond !
P. Gérard Le Stang.