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Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises

Tout au long de cette semaine de Pâques, et notamment lundi ou nous avons appris le décès du Pape, le lectionnaire nous donnait d'entendre d'une part dans l'évangile, un récit de rencontre du Ressuscité avec ses disciples, d'autre part, dans les Actes, la place particulière de Pierre dans le groupe des onze. 
C'est bien cela le mystère de l'Eglise : d'une part, comme cela est manifesté au cours de la nuit pascale, il revient à chacun de vivre une expérience personnelle avec le Christ qui nous interpelle dans la singularité de notre vie, de notre vocation, et d'autre part, d'être témoin du Ressuscité au sein d'une communauté croyante, l'Eglise. Le rôle des apôtres en est d'assurer la fidélité dans la transmission de la foi, avec les exigences de la conversion qui en découlent, et d'autre part la nécessaire communion des églises entre elles dans l'unité de la foi et de la charité.

 

Bien des commentaires nous sont donnés sur la manière dont François à manifesté dans son ministère, ce double aspect de sa charge. A titre personnel, dans sa simplicité, son langage dépouillé d'artifice, dès le premier soir de son élection, son refus des "mondanités", sa spiritualité à la fois ignatienne et franciscaine, lui ont donné de porter sa charge malgré l'âge et la fatigue.
D'autre part, comme évêque de Rome, il aura eu à cœur de soutenir la marche de l'Eglise au cœur de ce temps, non une Eglise d'abord préoccupée par elle-même, "autocentrée", mais au service d'une humanité blessée, et notamment des plus petits, des exclus, des migrants échéants sur les rives de Lampédousa, les populations des "périphéries existentielles". François, en quelque sorte, adressait de manière actuelle, le message que Pierre adressait hier au paralysée de la Belle Porte : "Je n'ai ni or ni argent, mais ce que j'ai, je te le donnes : Au nom de Jésus de Nazareth, lève toi et marche !".

D'autres papes l'ont fait avant lui, chacun avec son style. C'est une chance pour notre Eglise, dans son histoire. François laissera une marque, que beaucoup disent irréversible, celle de la méthode qui a bousculé le cléricalisme de l'institution. 

 

Tout le travail entrepris dans le synode sur la synodalité, François a voulu le promulguer tel quel ; c'est l'héritage qu'il nous laisse, c'est à dire le nécessaire dialogue et la nécessaire écoute des situations multiples de part notre monde. Chaque Eglise a son visage, son histoire, sa culture, confrontée aux défis de son temps, et aussi de ses travers, ses vieilles habitudes qui la freinent. 
Le lectionnaire de ce temps pascal nous propose de dimanche en dimanche, dans les Actes des Apôtres, l'histoire de l'expansion de la première Eglise, prototype de nos églises actuelles, tandis que le Livre de l'Apocalypse nous donne la vision d'une promesse, la réalisation de la Présence de Dieu au milieu de son peuple.
Ce dimanche l'ouverture de l'Apocalypse nous parle d'un message adressé au sept églises... Non pas une institution centralisée, mais des églises particulières témoins de l'unique Seigneur.
La lettre de l'Apocalypse vient tout à la fois encourager et admonester chacune de ces Eglises ; nous avons bénéficié d'un aspect avec le pape Jean Paul, dans ses voyages et les Journées Mondiales de la Jeunesse qui nous ont révélées les multiples visages des églises du monde.
François nous aura appris la nécessité de faire dialoguer ces églises entre elles, dans un travail d'écoute et de compréhension en vue de discerner ce à quoi l'Esprit du Seigneur nous appelle. Il a valorisé la place spécifique de chacun, femme ou homme, baptisé, consacré ou ordonné, quelque soit sa situation familiale ou ses précarités. 

 

Ce samedi sont célébrées les funérailles de François. Puis les cardinaux vont se concerter dans un premier temps, et dans la quinzaine qui vient, choisir un successeur. Il est étonnant, ou plutôt providentiel, que durant ce temps, les évangiles du dimanche nous rappellent cette mission toute particulière de Pierre et des apôtres :
- "La Paix soit avec vous" 
- "Pierre m'aimes tu ? Sois le berger de mes agneaux" ;
- "Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent" ;
- "Je vous donne un commandement nouveaux, c'est de vous aimer les uns les autres...".
- "’l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout"

En ce dimanche de la miséricorde, rendons grâce au Seigneur pour tout ce qu'il nous a donné en son Fils Jésus, ce qu'il donne au long des âges à notre Eglise, à ce qu'il vient réaliser en chacun de nous.

 

Christian Le Borgne, curé